Pessa’h cette année, par le Rabbin Moshe Pitchon

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Les Écritures hébraïques nous disent qu’une famille israélite est descendue de Canaan en Égypte il y a quatre mille ans pour échapper à la famine. Après les avoir accueillis dans un premier temps, les Égyptiens les ont ensuite réduits en esclavage.

Vaincus par l’apathie et l’épuisement que produit la servitude, même la décision d’un pharaon égyptien de tuer tous leurs bébés mâles ne les a pas poussés à rompre avec leur état de désespoir.

Puis vint Moïse, un Hébreu adopté et élevé à la cour égyptienne, qui prononça un appel de Dieu à la liberté. Bien qu’au début, sa mission ait connu une série d’obstacles, les Israélites ont finalement été libérés.

Lorsque les Égyptiens ont ensuite changé d’avis et les ont poursuivis, les Hébreux ont été miraculeusement sauvés et les poursuivant avec leurs armées, détruits.

Il est impossible de lire la Bible sans remarquer l’accent disproportionné que cette histoire met sur presque toutes les valeurs fondamentales du judaïsme. La primauté de la liberté, la possibilité d’échapper à la tyrannie, la colère de Dieu face à toute forme d’abus social. L’existence de la vérité objective au Sinaï est un reproche à l’anarchie et en même temps qu’une source de justice. Ce n’est pas moins que la demande qu’Israël crée une société juste.

Ayant marqué une sorte de « point zéro » dans l’histoire d’Israël, l’Exode d’Égypte est l’événement central autour duquel les Juifs ont organisé toute leur perception de la réalité. La mémoire de l’événement est un ingrédient nécessaire à la définition d’Israël en tant que nation et du judaïsme en tant que religion historique. Incontestablement, aucune fête ne définit plus l’identité juive que Pessa’h.

Il ne faut pas s’étonner d’apprendre que c’est la plus célébrée des fêtes juives. Par exemple, soixante-dix pour cent des juifs américains, dont 42 pour cent qui ne se considèrent pas comme religieux, l’observent.

Ce moment déterminant de l’histoire d’Israël est également devenu un jalon important dans la conscience humaine occidentale. L’Exode est devenu un modèle pour le principe de la liberté individuelle et la première description d’une politique révolutionnaire.

La métaphore de l’Exode apparaît à divers degrés dans toutes les fondations culturelles américaines : les Pilgrim Forefathers, Thomas Jefferson et Benjamin Franklin l’ont utilisée comme image quand, en 1776, ils ont créé leurs dessins pour le grand sceau des États-Unis. Benjamin Franklin a choisi une scène allégorique de l’Exode, décrite ainsi dans ses notes : « Moïse se tenant sur le rivage, et étendant sa main sur la mer, provoquant ainsi la submersion de Pharaon qui est assis dans un char ouvert. Devise : La rébellion aux tyrans c’est l’obéissance à Dieu. « .  Jefferson a suggéré, pour le front du sceau, de représenter les enfants d’Israël dans le désert, conduits par un nuage le jour et une colonne de feu la nuit.

Quand les Afro-Américains chantaient la liberté, leurs paroles étaient : « Descends Moïse, descends en terre d’Égypte, dis au Pharaon, laisse partir mon peuple. » Dans son dernier discours avant son assassinat, Martin Luther King a déclaré : « Je ne peux pas entrer en Terre Promise avec vous; je ne peux que me tenir au sommet de la montagne et regarder à l’intérieur, mais vous y entrerez. »

Au 21e siècle, l’histoire de l’Exode tire sa force parce qu’elle reste un modèle pour un récit séculier et historique de la « rédemption» plutôt qu’un modèle pour le messianisme et le millénarisme. Cependant, le résultat final est le même : la poussée à utiliser les énergies rédemptrices de la nature et des êtres humains.

Pour paraphraser le rabbin Irving Greenberg : « D’où Israël tire-t-il la force – la chutzpah – de continuer à croire en la rédemption dans un monde qui connaît l’esclavage, la pauvreté, la faim massive, l’exil politique, les réfugiés, la haine entre les nations, les frères et sœurs? Comment les Juifs peuvent-ils témoigner de l’espoir et de la valeur humaine lorsqu’ils ont été continuellement persécutés, haïs, dispersés, détruits? De la mémoire de l’Exode! Pour que vous vous souveniez du jour où vous êtes sorti d’Égypte tous les jours de votre vie » (Deutéronome 16: 3). La tradition juive prend cet idéal biblique à la lettre.

La commémoration annuelle de Pessah est certainement une célébration innovante qui éduque le peuple juif pour son avenir et celui de l’humanité.

Le rabbin Moshe Pitchon est à la tête du judaïsme du 21e siècle (https://www.21stcenturyjudaism.com/) et directeur de l’Institut séfarade Meriane Albagli Geni Cassorla pour le développement séfarade au 21e siècle.).

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