Jacqueline Bidegorry a passé des familles juives en zone libre pendant la guerre, mais n’a obtenu la médaille des Justes qu’en 2000. Elle s’est tue pendant tout ce temps-là. Elle en parle sur France Bleu Pays basque alors qu’elle s’apprête à recevoir a médaille de la ville de St-Palais ce jeudi.
Ce jeudi 18 mars, Jacqueline Bidegorry (née Thibaut) va recevoir la médaille de la ville de St Palais où elle réside, le jour de son 97e anniversaire. Jacqueline Bidegorry a été reconnue « Juste parmi les nations » par Israël, elle a aussi reçu la légion d’honneur pour avoir sauvé plusieurs familles juives, mais elle préfère rester discrète : « Moi je n’aime que l’anonymat, mais je suis mal tombée », dit-elle au journaliste venu l’interviewer, dans un éclat de rire.
Pour l’occasion, elle s’est maquillée, elle a mis ses bijoux et du rouge à ongles, elle est un peu intimidée. Elle n’aime pas parler de son rôle en particulier, raconter comment le père Fleury, un prêtre, a enrôlé son père, puis elle pour faire passer des familles juives en zone libre depuis Poitiers : « C’était des Juifs étrangers, ils sont partis en zone libre à Lyon et, mon Dieu, ça c’est bien passé. C’était des gens adorables ! »
Elle a pris tous les risques
Ce que ne dit pas Jacqueline c’est qu’à 16 ans elle a pris tous les risques elle a passé plusieurs familles ainsi que des faux documents dans la reliure d’un livre, elle a failli être découverte lors d’un contrôle de la Gestapo. C’est sa fille qui le rapporte à sa place. « J’ai jamais eu peur et mon papa non plus » reprend Jacqueline en se redressant fièrement. « À la maison j’ai une médaille, la médaille des Justes on appelle ça. » C’est une des familles qu’elle a sauvé qui en a fait la demande et la médaille lui a été remise à Jérusalem.
La jeune fille de l’époque s’est engagé parce qu’on n’ignorait rien du sort promis aux Juifs pendant la guerre : « Vous pensez bien ! J’ai reçu une carte qui disait : « Je suis en bonne santé, ton Salomon ». J’ai dit à maman : « Tiens tu vois, celui-ci il va partir au four crématoire », et ça n’a pas loupé, à Auschwitz. Des gens comme vous et moi ! Gentils au possible ! Pourquoi ! Pourquoi les a-t-on éliminés ? On se posera toujours la question. »
On ne saura jamais
Après la guerre, Jacqueline Bidegorry se marie avec un Basque, et se tait. Si le rôle des hommes résistants est célébré et enseigné, beaucoup de femmes comme Jacqueline sont restées silencieuses. A tel point que son mari, revendeur de machines agricole en Amikuze n’a jamais rien su de l’engagement de sa femme. « Je suis resté silencieuse, mon mari n’a jamais rien su. Ça ne m’est pas venu à l’idée d’en parler. Il était pas au courant du tout ! Vous pensez, à la campagne basque ils s’en fichaient comme de l’an 40 ! Pourquoi remuer le passé ? C’est pas la peine… »
Sa fille, Marie-Josée Bidegorry esquisse un début d’explication : « Lorsque j’étais enfant, elle m’en avait parlé. Elle m’a expliqué qu’elle avait sauvé des familles juives mais qu’il ne fallait pas en parler parce que ça pouvait être préjudiciable pour elle. »
Aujourd’hui, sa mère est mise à l’honneur, et c’est à l’initiative d’une association féministe, les Bask’elles. Marie-Josée Bidegorry regrette pour sa part cette discrétion : « Les femmes sont oubliées, c’est surtout les hommes qui ont été mis en avant. Je trouve cet hommage valorisant pour les femmes, ça n’était pas normal qu’elle soit oubliée et mise de côté. »
Bonsoir,
La difficulté pour être reconnu juste, c’est qu’il faut que la demande soit faite par la ou les personnes qui ont étés sauver, le dossier est sérieux et il faut bien explique le pourquoi et le comment !
Bravo à cette personne et merci .