Près d’un mois après son arrivée seul en Israël pour une opération cardiaque, Binyamin Tesfahon, 6 ans, a retrouvé lundi sa mère, arrivée pour l’accompagner pendant l’opération.
Binyamin est né avec une malformation cardiaque potentiellement mortelle dans le camp de transit de Gondar en Éthiopie, où sa famille attend toujours depuis des années l’autorisation de faire son alyah. Après que son état se soit détérioré, il a été transporté par avion en Israël malgré la fermeture de l’aéroport Ben-Gurion pendant la pandémie de coronavirus.
Tout au long de son séjour solitaire à l’hôpital, Binyamin a vécu dans une maison pour enfants gérée par l’organisation humanitaire Save a Child’s Heart, qui amène des enfants de pays en développement souffrant de maladies cardiaques en Israël pour un traitement d’urgence. Et bien qu’il ait eu la compagnie du personnel et d’autres enfants, tout ce que Binyamin voulait était revoir sa mère, Shashito Andbert Tislo.
Les deux se sont enfin retrouvés lundi après qu’elle a passé deux semaines en isolement obligatoire en Israël. «Mon fils, je suis ici avec toi, je suis là pour toi», s’écria Tislo en le serrant dans ses bras. Binyamin, qui tout au long de son séjour en Israël avait été réservé et silencieux, a immédiatement fondu en larmes et s’est accroché à sa mère.
«Mon cœur était brisé quand j’ai dû l’envoyer en avion sans moi. J’avais peur de ne plus le revoir», raconte Tislo, qui a été forcée de laisser son mari et sa fille de 5 mois à Gondar pour faire ce voyage en Israël. Pendant le temps où elle a été séparée de son fils, Tislo a parlé avec Binyamin tous les jours.
«Je l’ai entendu parler des infirmières qui l’accompagnaient et j’étais rassurée : au moins il n’était pas seul. Tout ce que je veux, c’est qu’il soit en bonne santé. J’espère l’opération se passera bien», dit Tislo, en enlaçant son fils. «Je ne peux pas décrire le bonheur que je ressens maintenant que nous sommes enfin ensemble et qu’il sera bientôt en bonne santé», dit-elle.
Mais au milieu de ce bonheur, il y a un sentiment inéluctable de tristesse mêlé de peur, car Tislo et Binyamin devront finalement retourner en Éthiopie pour attendre l’approbation officielle de l’immigration. «J’ai attendu tout ce temps pour le retrouver, mais maintenant je comprends qu’après son rétablissement, nous devrons retourner à Gondar et c’est douloureux. J’espère que nous pourrons immigrer en Israël, toute ma famille est ici», dit Tislo.
«J’attends d’immigrer en Israël depuis 16 ans. Le sentiment d’être ici et d’être avec mon fils lors d’une opération qui lui sauvera la vie me submerge», dit-elle. « Nous pensions que nous pourrions tous immigrer, et encore une fois cela ne s’est pas produit, mais je savais que même si nous n’immigrions pas, je ferais n’importe quoi pour que Binyamin puisse bénéficier du traitement médical dont il avait besoin. »
Une pétition a été lancée (en hébreu) demandant au Premier ministre Benjamin Netanyahu de permettre à la famille de rester en Israël. Binyamin, qui a été amené en Israël après les efforts de l’Aliyah et du ministre de l’Intégration Pnina Tamano-Shata et de l’Agence juive, devrait subir une intervention médicale vitale à l’hôpital pour enfants Sylvan Adams à Holon: procédure de cathétérisme mercredi, puis chirurgie à cœur ouvert jeudi.
Cette semaine verra sans doute la fin de l’opération Rock of Israel, qui vise à réunir les Juifs éthiopiens et leurs proches qui ont déjà immigré en Israël. Cela amènera quelque 2 000 immigrants des camps de réfugiés d’Addis-Abeba et de Gondar, laissant 7 000 autres personnes en attente de l’autorisation d’immigrer.
Line Tubiana avec ynet