Israël va indemniser les familles d’enfants, principalement yéménites, disparus dans les années qui ont suivi la création de l’État hébreu, a annoncé lundi le premier ministre Benyamin Nétanyahou qualifiant ce dossier d’un des plus « pénibles » du pays.
Des militants des droits humains et des familles d’immigrants juifs, principalement originaires du Yémen, affirment depuis des décennies que des milliers de bébés ont été enlevés à leurs parents biologiques après 1948.
Enfants donnés à des couples européens
Selon eux, ces bébés ont été donnés à des couples juifs ashkénazes (originaires d’Europe centrale et de l’Est) en Israël et à l’étranger. Les médecins assuraient alors aux parents biologiques que leur enfant était mort et ne leur remettaient pas le corps. Cette affaire a donné lieu à des accusations de racisme et de « discrimination » formulées par les séfarades à l’encontre de « l’establishment » contrôlé par les ashkénazes qui ont fondé l’État.
« Il est temps que la souffrance des familles auxquelles on a pris les bébés soit reconnue par l’État […] et que ces familles soient indemnisées », a déclaré M. Nétanyahou dans un communiqué publié par son bureau. Il a néanmoins souligné que l’argent n’allait pas réparer la « terrible » et « insupportable souffrance » des familles originaires du Yémen ou d’autres pays arabes et des Balkans.
L’État va verser au total la somme de 162 millions de shekels aux familles. Les familles des enfants morts dont le lieu d’inhumation est inconnu recevront 150 000 shekels. Et les familles des enfants dont le sort reste incertain recevront 200 000 shekels, a précisé lundi le ministre israélien des Finances, Israël Katz.
Ouverture des archives
En 2016, M. Nétanyahou s’était dit favorable à l’ouverture des dossiers qui devaient rester secrets jusqu’en 2031. Quelques mois plus tard, le pays a ouvert les archives. Au fil des ans, plusieurs enquêtes officielles ont conclu que la majorité des enfants disparus étaient morts, mettant en avant les mauvaises conditions sanitaires dans les camps où avaient été accueillies leurs familles.
Peu après la création de l’État d’Israël, les autorités avaient installé des camps pour gérer le flux de nouveaux immigrants juifs, essentiellement venus des pays arabes, dont 30 000 Yéménites. Mais les enquêtes officielles n’ont pas dissipé les doutes.
En 2018, la justice israélienne a autorisé l’ouverture de tombes d’enfants juifs décédés dans les années 1950 ainsi que des analyses génétiques pour tenter de faire la lumière sur ces disparitions. « L’État tente de faire taire les familles avec des indemnisations ridicules et partielles sans reconnaitre sa responsabilité dans ce qui est arrivé », a publié sur son compte Facebook l’association Ahim VeKayamim qui regroupe des familles d’enfants disparus.