Eric Toledano et Olivier Nakache signent leur première série : « En thérapie », diffusée sur Arte. Cette fiction passionnante en 35 épisodes sur la psychanalyse et la France contemporaine confirme l’inspiration du duo.
Trente-cinq épisodes d’une demi-heure et un lieu quasi unique d’action : le cabinet du psychanalyste Philippe Dayan où se succèdent cinq patients mal-en-point qui luttent contre leurs maux et… leurs mots. Sur le papier, le projet de « En thérapie », l’adaptation française de la série israélienne « Betipul », laissait craindre quelques longueurs et redondances. Excellente surprise : il n’en est rien. Avec cette fiction passionnante, le duo à succès Eric Toledano et Olivier Nakache, accompagné par de talentueux complices à la réalisation (Pierre Salvadori, Nicolas Pariser, Mathieu Vadepied), entraîne le téléspectateur dans un vertigineux et bouleversant voyage au coeur de l’intime et du travail analytique.
Ariane (Mélanie Thierry), une chirurgienne en crise d’identité. Adel (Reda Kateb), un flic de la BRI souffrant de crises d’angoisse. Camille (Céleste Brunnquell), une adolescente aux pulsions suicidaires. Léonora (Clémence Poésy) et Damien (Pio Marmai), un couple confronté à une maternité problématique… Au gré des épisodes, ces cinq personnages défilent dans le cabinet de Dayan où, patiemment, à force de parole et d’écoute, ils apprendront peut-être à mieux cohabiter avec eux-mêmes.
Tumultes intérieurs
Au cours des sept semaines de diffusion (à raison de cinq épisodes chaque jeudi), les fragilités, les désirs contradictoires et les résistances conscientes et inconscientes des protagonistes émergent peu à peu. Le psy lui-même (incarné par Frédéric Pierrot, dans le meilleur rôle de sa carrière) n’est pas à l’abri de violents tumultes intérieurs dont il rend compte tant mal que bien à une consœur analyste : Esther (Carole Bouquet).
Avec un art subtil du dialogue, des silences et du champ-contrechamp, Tolédano et Nakache sondent les méandres de l’identité tout en examinant sans didactisme les traumatismes collectifs de la France contemporaine puisque la série, ce n’est évidemment pas un hasard, se situe à l’hiver 2015, dans une Hexagone meurtrie par les attentats du Bataclan. Des attentats dont ont été témoins certains des patients de Philippe Dayan.
En 1973, Ingmar Bergman, un cinéaste passionné comme tant d’autres par l’analyse, signait une oeuvre en quasi-huis clos pour la télévision suédoise : « Scènes de la vie conjugale », une série magistrale de cinq heures sur les déchirements d’un couple. Presque un demi-siècle plus tard, « En thérapie », cette merveille sur la psychanalyse et la fragilité de nos existences, rappelle que la télévision est parfois un écrin de choix pour les auteurs ambitieux.
Série de 35 épisodes diffusée sur Arte à partir du jeudi 4 février à 20 h 55. En intégralité sur arte.tv dès le 28 janvier.
Olivier De Bruyn