L’homme d’affaires bordelais Michel Ohayon et la ville de Libourne ont présenté le projet de réhabilitation des anciennes casernes militaires de la ville, qui comprendra un volet œnotouristique, des boutiques de mode de luxe, un palace et un musée.
La crise a repoussé le projet d’un an, mais n’a pas forcé ses porteurs à le revoir à la baisse. La ville de Libourne et l’homme d’affaires d’origine bordelaise Michel Ohayon, ont présenté mercredi un (très) ambitieux projet de réhabilitation des anciennes casernes de l’Esog (Ecole des sous-officiers de gendarmerie), qui comprendra 50.000 m2 de commerce, un hôtel de luxe et un musée.
Michel Ohayon ambitionne d’accueillir à terme sur ce site « six à huit millions de touristes par an », et il vise notamment la clientèle chinoise et américaine. « Il faut se préparer aux enjeux touristiques mondiaux, explique-t-il, et cette clientèle vient chercher en France du pittoresque. On attend de la France ce pour quoi elle a une réputation mondiale, à savoir sa gastronomie, son vin… » Ils devraient être servis. Car l’objectif est de réaliser d’ici à 2024-205, rien moins que « le plus grand site œnotouristique d’Europe », a annoncé l’homme d’affaires, qui détient avec sa société la Financière Immobillière Bordelaise, le Grand Hôtel Intercontinental de Bordeaux, et qui a récemment racheté le réseau des Galeries Lafayette et de Camaïeu. On y trouvera donc du vin, mais aussi de la gastronomie, des antiquaires, de la mode, et un musée consacré aux voitures anciennes et à l’art contemporain…
Une gigantesque cave « phygitale »
Posé aux portes de prestigieux vignobles comme Pomerol et Saint-Emilion, qui attirent des touristes du monde entier, le projet devrait ainsi accueillir « un des tout premiers centres commerciaux du vin au monde », comprenant 150 propriétaires, négociants, cavistes… « Ce sera le moteur touristique de cette destination. » Cette gigantesque cave se voudra « phygitale » : à cheval entre le physique, c’est-à-dire qui permettra de choisir et goûter son vin, et le digital, pour se le faire expédier partout dans le monde. Les 25.000 m2 de commerces consacrés au terroir, seront complétés par une offre gastronomique, avec des épiceries et un marché de frais.
« A côté de cela, vous aurez sur 25.000 m2 également, toute une offre de mode qui sera aussi très importante, dans le luxe et le haut de gamme mais à prix accessible, avec des collections qui viennent du monde entier. » Pour faire le lien entre les deux, se développera « un autre projet typique de la région autour de la brocante, et nous essaierons de faire un marché de la brocante quasi-permanent. »
« On se promènera à l’air libre entre deux niveaux qui monteront et descendront »
Voici pour l’aspect commercial. Le projet comporte aussi un volet hôtelier, puisque Michel Ohayon veut dupliquer sur le site de l’Esog, le Grand Hôtel Intercontinental de Bordeaux. Un musée de 6.000 à 8.000 m2 présentera quant à lui une importante collection de voitures classiques des années 1930 aux années 1970, et de l’art contemporain. « Nous pensons aussi qu’un palais des congrès sera parfaitement dimensionné, et il ne faut pas oublier les enfants. Nous imaginons un parc de loisirs indoor, et nous sommes en discussion avec des partenaires pour le créer autour d’un héros, français de préférence », détaille-t-il.
« L’alchimie de tout cela c’est l’architecture, poursuit l’homme d’affaires. La taille du projet est colossale, avec un ordonnancement de deux bâtiments de 120 mètres de long à la Versaillaise, comprenant des voûtes remarquables. Le manège à chevaux abritera des caves à vin exceptionnelles avec des niches alvéolaires. Tout cela va donner de la variété, tout en réécrivant notre histoire, c’est pourquoi nous aurons des bâtiments extrêmement contemporains. » L’architecte du projet sera le Bordelais Michel Pétuaud-Létang, qui explique que l’on se « promènera à l’air libre entre deux niveaux qui monteront et descendront, ce qui permettra de faire le tour de l’ensemble ».
« Un projet du Grand Bordeaux »
Le maire de Libourne Philippe Buisson, qui a rappelé qu’un premier projet pour l’Esog, présenté en 2015 par la Financière Vauban, avait capoté, insiste de son côté sur les retombées locales. « Il va se construire avec les Libournais, et ce ne sera pas qu’un espace uniquement dédié aux visiteurs. Ce n’est pas la création d’une vitrine inaccessible pour les Libournais. »
« C’est un projet libournais, mais aussi du Grand Bordeaux, complète Michel Ohayon. On va rayonner dans la région, avec je l’espère le soutien de l’ensemble de la communauté bordelaise, et nous présenterons très vite ce projet au maire de Bordeaux. » Pierre Hurmic qui doit déjà gérer de son côté l’avenir du projet de Rue Bordelaise, un immense centre commercial à ciel ouvert entre la gare et les quais, dont il souhaiterait redessiner les contours…
L’investissement sera de l’ordre de « plusieurs centaines de millions d’euros ». « Je n’ai aucun doute sur la faisabilité, car les partenaires nous contactent spontanément pour en faire partie », assure Michel Ohayon. Tous sont convaincus d’un fort rebond du tourisme, à l’issue de la crise.