Auteur du livre « Arrêtez de vous priver ! », le professeur David Khayat, a expliqué samedi, au micro d’Isabelle Morizet sur Europe 1, qu’il était temps d’être plus bienveillant avec nous-mêmes, en se libérant du sentiment de culpabilité, néfaste pour notre santé mentale et pour notre organisme.
Dans l’émission Il n’y a pas qu’une vie dans la vie, le professeur David Khayat, qui a longtemps été chef du service d’oncologie de la Pitié-Salpêtrière, a livré samedi ses conseils pour se débarrasser du sentiment de culpabilité et relativiser face au stress. Pour l’oncologue, nous sommes soumis à de nombreux messages négatifs qui nous poussent à nous interroger sans cesse sur nos comportements et nos envies. « Quand vous écoutez la télévision, la radio ou que vous lisez les journaux, qu’est ce que l’on vous dit ? Qu’il ne faut pas manger de gras et de sucre, qu’il ne faut pas non plus manger de charcuterie et que la pollution, qui est partout autour de nous, provoque le cancer du poumon. Mais qu’est ce que c’est, toutes ces histoires ? Va-t-on mourir en mangeant un jambon beurre, un millefeuille ou une portion de frites ? », ironise David Khayat.
« Tout est question d’équilibre »
Selon le cancérologue, auteur du livre Arrêtez de vous priver ! (Albin Michel, 2021), il faut prendre du recul face à ces injonctions. « Tout est question d’équilibre et de recherche de la joie et du plaisir », affirme-t-il, conseillant de « ne pas se priver d’un moment de bonheur intense et de partage ». « Vous pouvez partager, un midi, un gros repas avec des amis et le soir, boire un bouillon en guise de repas », illustre David Khayat. « Je pense que c’est la bonne façon de faire parce que vous ressentez à la fois de la joie et du plaisir et, en même temps, ce comportement n’a pas d’impact négatif sur la santé », ajoute-il.
Ce n’est donc pas tant notre mode de vie qui risque de nous rendre malade mais le sentiment d’échec que l’on ressent. « Quand vous ne parvenez pas à répondre à toutes ces exigences, vous avez des remords, une mauvaise image de vous et vous ressentez un sentiment de culpabilité. Cette dégradation de l’image que vous avez de vous-même peut vous ronger. Non seulement cela risque de provoquer des maladies mais en plus, la vie que vous allez mener ne sera pas belle », explique David Khayat.
Une certaine forme de stress à combattre
Notre société nous pousse à combattre le stress tout en le provoquant. Pourtant, David Khayat invite aussi à prendre du recul sur le stress que nous pouvons ressentir. « Toutes les formes de stress ne donnent pas des maladies », poursuit-il. D’après l’oncologue, le stress qu’il faut éviter est celui « qui atteint un certain niveau, soit de durée, soit d’intensité, que vous n’arrivez plus à gérer et qui dépasse ce que vous pouvez supporter ». Il faut par exemple s’inquiéter « quand un matin, vous vous levez et qu’à cause de ce stress que vous vivez depuis un certain temps, vous vous dites que vous n’avez plus envie de vivre ».
Selon David Khayat, il ne faut donc pas hésiter à échanger sur sa douleur lorsque le stress est trop intense, notamment avec des « psychologues et psychiatres » mais aussi avec « sa famille et ses amis ». « Allez chercher de l’aide ! C’est quand vous restez seul et que vous n’êtes plus capable de gérer votre stress, que vous vous faites du mal », explique-t-il.