Plus de deux ans après sa mise en examen, Mohamed Tataiat, l’imam de la mosquée d’Empalot à Toulouse est renvoyé devant un tribunal correctionnel pour « provocation à la haine raciale ».
En décembre 2017, lors d’un prêche en langue arabe, Mohamed Tataiat fait référence à un hadith (une parole du prophète Mohamed) qui appelle les musulmans à tuer les juifs. : « Les juifs se cacheront derrière les rochers et les arbres et les rochers et les arbres diront : « musulman, serviteur d’Allah, il y a un juif qui se cache derrière moi, viens le tuer« . (traduction en anglais, non-officielle).
Ce sont ces propos qui valent aujourd’hui à l’imam de la mosquée d’Empalot à Toulouse (Haute-Garonne) d’être renvoyé devant un tribunal correctionnel pour « provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion par parole, écrit, image ou moyen de communication au public par voie électronique » comme nous l’a confirmé Simon Cohen, avocat du Crif. « Il est normal et sain dans une démocratie, et fécond pour les libertés que l’on puisse protéger certaines valeurs si on considère que ces valeurs ont été bousculées. Il est sain qu’il y ait un débat » réagit l’avocat toulousain.
Regrets auprès de la communauté juive
Suite à une dénonciation en juin 2018 – soit cinq jours après l’inauguration de la Grande Mosquée de Toulouse – le parquet de Toulouse se saisit de l’affaire avant l’ouverture d’une information judiciaire cinq mois plus tard. Le Crif, la Licra, le bureau de vigilance contre l’antisémitisme et Sos Racisme se constituent alors partie civile dans cette affaire.
Malgré l’expression de ses regrets auprès de la communauté juive et estimant une mauvaise interprétation de ses propos, Mohamed Tataiat est mis en examen en décembre 2018. Installé depuis plus de 35 ans en France, l’imam âgé de 57 ans, aux liens très étroits avec l’Algérie, est présenté comme un homme éloigné de tout radicalisme. Contacté l’avocat Mohamed Tataiat, maître Jean Iglésis, n’a pas répondu à la sollicitation de France 3 Occitanie au moment de la publication de cet article.
Les excuses, les regrets, les dénégations sont faciles. Suite à l’émoi provoqué par la diffusion de cette vidéo en 2018, l’imam avait invoqué une « traduction pas fidèle » qui « n’est pas le vrai sens du hadith », le texte religieux qu’il cite dans la vidéo, où apparaît le logo de la chaîne Memri TV.
Mais mi-juillet, le recteur de la Grande mosquée de Paris (GMP) Dalil Boubakeur a finalement condamné et regretté « vivement les propos totalement incongrus » de Mohamed Tataiat après une première réaction jugée trop timide par le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, qui avait réclamé des clarifications. On peut penser que Dalil Boubakeur n’a pas eu besoin des traductions pour condamner.