Survivante du camp d’extermination nazi, cette journaliste et écrivaine de 96 ans était aussi une passeuse de mémoire, notamment auprès des écoliers.
Inlassable, elle continuait, à 96 ans, de transmettre la mémoire de l’Holocauste. Renata Lasker-Harpprecht, survivante du camp d’extermination d’Auschwitz, nous a quittés pendant son sommeil dans la nuit de samedi à dimanche, à son domicile de La Croix-Valmer où elle avait décidé de passer ses “beaux jours”.
Les anciens du village la connaissaient bien et l’ont peut-être encore aperçue ces derniers jours, alors qu’elle prenait son café au Coconut ou encore au Café Valmer. Elle y allait quotidiennement « apprendre les nouvelles » du village où elle est très impliquée depuis son arrivée en 1982, ne manquant jamais les cérémonies patriotiques, festivités et réunions publiques.
Journaliste à la BBC puis à Washington
Juive allemande, ses parents ont été assassinés dans les camps de la mort. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle travaille avec sa sœur, Anita Lasken, dans une usine de papier où elles créent de faux documents pour aider des prisonniers français à s’évader. Percée à jour puis déportée, elle ne doit sa survie qu’à sa connaissance du français et de l’italien qui font d’elle une utile interprète pour les nazis.
Après la guerre, elle gagne le Royaume-Uni. Un pays où elle est restée de nombreuses années et où sa sœur Anita vit encore. Renata Lasker-Happrecht a été journaliste à la BBC, puis correspondante pour la télévision publique allemande à Washington, aux États-Unis, avec son époux Klaus, également journaliste.
Passeuse de mémoire auprès des écoliers
Depuis 38 années où Renata vivait à la Croix-Valmer, elle est allée à la rencontre des jeunes dans les écoles. Notamment en compagnie du regretté Alain Prato, professeur d’Histoire au collège Berthy-Albrecht de Sainte-Maxime, qui était très impliqué dans la mémoire de la Shoah.
En janvier 2020, elle est l’invitée d’honneur de la cérémonie commémorant le 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz organisée à Saint-Tropez. Elle s’adresse alors aux jeunes et leur dit : « Ne faites pas les mêmes erreurs que vos ancêtres qui en ont fait de terribles. Parlez aux gens, aimez-vous et comprenez que la haine est un mot qui devrait être éliminé du vocabulaire. L’antisémitisme renaît actuellement dans plusieurs pays. Il y a trop de stupidité et d’ignorance dans le monde. Moi qui suis une juive allemande, je vous aime. Vive la liberté ! »
En 2007, Renata Lasker-Harpprecht a été décorée de la Légion d’honneur. Distinction qu’elle partageait avec son mari Klaus, décédé le 21 septembre 2016, également à La Croix-Valmer.
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