Le pays ambitionne d’avoir immunisé un quart de sa population d’ici à la fin du mois de janvier. Une campagne menée au pas de charge, jusque-là sans heurt.
Le hall d’entrée du petit hôpital Misgav Ladach, au sud de Jérusalem, ne désemplit pas. Les six points de vaccination installés au rez-de-chaussée tournent à plein régime et accueillent le public prioritaire : personnel soignant et personnes de plus de 60 ans. « Je me suis inscrite sur Internet jeudi et j’ai obtenu un rendez-vous aujourd’hui (NDLR : lundi), raconte Orna, une élégante octogénaire. J’espère qu’on va en finir une fois pour toutes avec cette histoire. » A peine mis en place, le centre de vaccination traite déjà plus de 700 personnes par jour. « C’est inouï, je n’ai jamais vu cela », s’émerveille Yishay Falick, le directeur de l’hôpital.
Comme l’immense majorité de ses confrères, le médecin est un fervent partisan de la vaccination. « L’autorisation de mise sur le marché a été faite dans les règles de l’art, toutes les précautions ont été prises. Les laboratoires sont allés vite, c’est vrai, mais il n’y a rien d’extraordinaire à cela car l’administration américaine leur a donné des moyens considérables. Et la recherche sur l’ARN messager ( la technologie utilisée par Pfizer-BioNTech et Moderna ) était déjà très avancée. »
A l’instar de Misgav Ladach, tous les centres médicaux du pays sont mobilisés pour cette campagne de vaccination massive. Ce lundi, plus de 100 000 personnes ont reçu le vaccin à travers le pays, un record mondial. Et le gouvernement ne compte pas s’arrêter là. Des dizaines de nouveaux centres vont ouvrir dans les prochains jours pour atteindre l’objectif de 150 000 vaccinations quotidiennes. Fin janvier, un quart de la population sera vacciné. « Nous sommes engagés dans une course contre la montre », a proclamé Nachman Ash, le coordinateur national de la lutte contre le Covid-19.
Des contaminations en forte hausse
Car la pandémie continue de frapper durement ce pays de neuf millions d’habitants. Après une accalmie, les contaminations repartent en flèche si bien que le gouvernement vient d’imposer un troisième confinement. Depuis ce dimanche, seuls les commerces indispensables et les écoles primaires peuvent rester ouverts. Pour atteindre au plus vite l’immunité collective – au moins 60 % de la population —, Israël n’a pas lésiné sur les moyens.
Selon la presse locale, les doses auraient été achetées 43 % au-dessus du prix du marché afin d’être servi en priorité et à profusion. Un surcoût de 1 milliard d’euros pour les finances publiques. « Cela en vaut largement la peine, chaque jour de confinement coûte une fortune à l’Etat et détruit des vies entières », estime Yishay Falick. En Israël, la campagne de vaccination ne suscite guère d’opposition d’envergure dans le milieu médical. Ni parmi la classe politique, d’habitude très divisée. Une belle unanimité qui contraste avec les déchirements du début de la pandémie. D’éminents rabbins avaient alors incité leurs fidèles à violer les règles de confinement. Résultat : des taux de contamination faramineux dans les quartiers et les villes religieuses du pays.
Cette fois, les principales autorités rabbiniques se sont rangées derrière le gouvernement. « Chacun doit se faire vacciner sans tarder selon les instructions des médecins afin d’éviter de se mettre en danger et de mettre en danger les autres », a ainsi exhorté le grand rabbin d’Israël, Itzhak Yossef. De quoi insuffler un vent d’optimisme sur la communauté scientifique. Selon un spécialiste du prestigieux institut Weitzman, si la campagne de vaccination se poursuit à ce rythme, le virus pourrait disparaître dès le milieu du mois de février.
Stéphane Amar