Longtemps défenseurs d’une ligne de tolérance et de défense du multiculturalisme, les Grünen se recentrent et présentent au Bundestag un plan proclamant «la tolérance zéro» à l’égard du terrorisme islamiste.
Des digues se fissurent au sein des Grünen, cet ancien parti hippie et libertaire né dans les années 1970, qui avait fait de la tolérance à l’égard de l’islam, et la célébration du multiculturalisme, son mantra. En pleine vague d’attaques islamistes commises sur les sols autrichien, allemand et français, et alors qu’une coopération sécuritaire se dessine entre Paris, Vienne et Berlin, les Verts allemands recentrent leurs discours. Et se débarrassent de l’image islamo-gauchiste que la droite chrétienne-démocrate – avec laquelle ils pourraient bientôt gouverner – leur accole volontiers.
Le président du parti, Robert Habeck, s’apprête à présenter au Bundestag un plan en onze points proclamant «la tolérance zéro» à l’égard du terrorisme islamiste. Les menaces islamistes doivent être constamment surveillées, lit-on dans le document, notamment via un renforcement des forces sécuritaires. Les mandats d’arrêt contre les individus dangereux doivent être exécutés avec plus de célérité, les associations salafistes interdites, et les flux de financement étroitement traqués.
«Cette menace pour la sécurité reste à un niveau élevé et nous devons agir avec détermination. En disant que nous avons besoin d’une application plus rapide de la loi et d’une tolérance zéro, même pour les délits mineurs commis par les islamistes, nous envoyons un nouveau signal sans équivoque, selon lequel notre démocratie est résistante», explique au Figaro le député écologiste Konstantin von Notz, coauteur de ce plan avec sa collègue du Bundestag, Irene Mihalic, ex-fonctionnaire de police.
L’initiative, prise à un an des élections législatives, a été saluée par le quotidien conservateur Frankfürter Allgemeine Zeitung, qui évoque un «virage à 180 degrés» de la part des Verts. «Dans le passé, les Grünen ont toujours été un peu naïfs et tolérants à l’égard du monde arabo-islamique. Ils prenaient systématiquement le parti des migrants et des réfugiés. Quand les conservateurs voulaient fermer les frontières, eux réclamaient leur ouverture. Mais cette approche commence à poser des problèmes car entre-temps, des gens indésirables sont entrés dans notre pays où ils s’y comportent d’une manière criminelle. Il était donc grand temps que le parti se rende compte de son ambivalence», se félicite l’ancien vice-ministre Vert des Affaires étrangères, entre 1998 et 2002, Ludger Volmer.
Le 4 octobre, un Syrien de 20 ans, Abdullah Al, arrivé en Allemagne dans la vague d’immigration de l’année 2015, a tué un touriste allemand à coups de couteau de boucher. Recruteur pour l’État islamique, l’homme était connu des services de police. Quelques jours seulement après avoir purgé une peine de deux ans de prison pour faits de violences, il s’est transformé en assassin. «Ce problème de radicalisation dans les prisons, nous devons également l’aborder par des actions ciblées et concrètes, notamment par la formation à la spiritualité islamique en milieu carcéral», explique Konstantin von Notz.
Officiellement, il s’agit d’abord, d’apporter une réponse policière au problème. Il n’est pas question, disent les Verts, d’emprunter la voie française qui – empreinte de son modèle laïque – traque aussi le «séparatisme islamiste». Députée verte du quartier berlinois de Neukölln, à forte population immigrée, Susanna Kahlefeld reconnaît le «problème» posé par l’existence de «communautés musulmanes repliées sur elles-mêmes». Elle juge néanmoins infondée le projet de la CDU d’interdire la fréquentation de la mosquée salafiste al-Nur, naguère ouverte aux prêches antisémites et à la violence djihadiste. «Il n’existe pas de bases juridiques pour une telle interdiction et le cas échéant, les gens dangereux partiront ailleurs. C’est plutôt notre appareil sécuritaire qui n’est pas assez vigilant», estime Susanna Kahlefeld, à l’unisson du parti.
Le débat n’est pas clos. Il est notamment aiguillonné par la présence, au sein du parti, d’une influente fraction de la diaspora turque. L’été dernier, la direction du parti à Hambourg a formellement exclu deux de ses élus soupçonnés de promouvoir une ligne islamo-nationaliste. L’un, Fatih Can Karismaz, avait tenu des propos favorables à la charia. L’autre, Shafi Sediqi, était accusé d’avoir soutenu l’association islamiste Ansaar International, réputée proche des milieux salafistes. «Les Verts se positionnent clairement contre toute forme d’extrémisme. Sinon nous perdons toute crédibilité», avait justifié la patronne de la région, Anna Gallina.
Selon une ligne similaire, des élus d’origine turque hostiles au président Erdogan défendent un modèle laïc. La militante féministe écologiste Seyran Ates critique certaines prières musulmanes «identitaires» et non mixtes organisées à Berlin, soutenues à l’inverse, au nom de la liberté de religion, par des élues écolos… de confession catholique. Elle dénonce également l’imposition des menus halal dans certaines crèches. Sa collègue du Bundestag, Ekin Deligöz, a appelé ses camarades du parti à ouvrir un «débat sincère» sur «l’image réactionnaire» des nouveaux migrants à l’égard des femmes. Mais leurs positions restent minoritaires.
Sur le front sécuritaire, et à un moins d’un an des législatives, la CDU appelle les Verts à permettre l’expulsion, vers leurs pays d’origine, de délinquants issus du Maghreb. Ce que ces derniers refusent, considérant ces pays comme «non sûrs». Ils rétorquent qu’à la différence de la CDU, ils travaillent depuis longtemps sur la question de la formation des imams. Autant de terrains que les Grünen ne veulent pas abandonner à la droite.
C’est le minimum, il faut que ces formations ou partis ouvrent leurs yeux et surtout pas de demi mesure,et en plus les suivent vraiment tous ces futurs criminels !