Depuis l’attentat de Nice, plusieurs élus français revendiquent l’efficacité du modèle de l’État hébreu dans la lutte contre l’islam radical.
Des États-Unis à Israël. Pendant longtemps, le modèle new-yorkais – «tolérance zéro» -, inspiré du maire de la ville Rudolph Giuliani, était revendiqué en France pour faire face à la hausse de la violence. Mais face à la recrudescence du terrorisme islamiste sur le territoire, c’est désormais l’État hébreu qui est érigé, par de nombreux élus, comme le modèle à imiter pour mener la guerre.
Arès l’attentat commis la semaine dernière à la Basilique Notre-Dame de Nice, le maire LR Christian Estrosi a été le premier à citer cet exemple. «Il faut rentrer dans un monde de vigilance. En Israël, chaque citoyen a le devoir de signaler ce qui lui paraît suspect pour protéger l’ensemble de la société», a-t-il indiqué dans un entretien au Figaro . «Il faut faire de chaque Français une vigie. C’est donc une organisation différente de la société dans laquelle il faut rentrer», a-t-il ajouté.
«Il faut un État de droit antiterroriste»
Un constat partagé par le député LR des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti. «Israël est une démocratie qui lutte depuis sa création pour sa survie. Malgré la menace permanente à laquelle elle est confrontée, elle a su maintenir son régime démocratique et triompher de la multitude de ceux qui veulent la détruire. C’est pour moi un modèle dans la lutte contre le terrorisme qui doit nous inspirer», expliquait-il juste après l’attentat qui a fait trois victimes.
Installé dans le débat, l’exemple de l’État hébreu est également repris au-delà des Républicains. «Il faut un État de droit antiterroriste. En Israël, quand un individu est sérieusement soupçonné d’un possible passage à l’acte terroriste, on l’appréhende et on le présente à une juridiction», a fait valoir l’eurodéputé RN Gilbert Collard, sur le plateau de CNews. «Donc l’État de droit intervient et là on apprécie si les risques sont réels ou pas. Mais il y a quand même une alerte qui est donnée. Nous, on ne peut pas le faire.»
«Israël, c’est une démocratie ou une dictature? Une démocratie!»
Dimanche, c’est au tour du président ex-LR des Hauts-de-France et candidat à l’élection présidentielle, Xavier Bertrand d’avoir revendiqué la pertinence du modèle israélien. «Israël qui, depuis longtemps, combat le terrorisme c’est une démocratie ou une dictature?», a-t-il fait mine d’interroger sur le plateau de CNews. Et d’enchaîner : «Une démocratie ! On peut très bien être une démocratie mais savoir se protéger et protéger la population».
Idem pour la présidente ex-LR de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, selon qui les technologies israéliennes de prévention des attentats seraient utiles en France. «Ce qui est certain c’est qu’Israël sait ce que c’est de vivre avec une menace terroriste latente. Ils ont développé, grâce à l’intelligence artificielle, des logiciels de repérage des comportements suspects. Sur ce point-là, ils sont très en avance. On peut apprendre d’Israël sur ces technologies de sécurité et de prévention des attentats», explique au Figaro l’élue francilienne, qui s’était rendue en Israël en 2017.
En 2016, Hervé Morin appelait déjà à «’israéliser’ notre sécurité»
L’ancienne ministre, qui plaide notamment pour l’utilisation de la reconnaissance faciale dans les trains d’Île-de-France, a d’ailleurs proposé au gouvernement d’installer un comité éthique avec la région pour travailler sur ce sujet et trouver «un juste équilibre entre l’impératif de sécurisation des réseaux de transports et la préservation des libertés».
Ce n’est pas la première fois que le modèle israélien est revendiqué par des élus français. Il y a quatre ans, déjà, après le terrible attentat du 14-Juillet à Nice, le président de la région Normandie, Hervé Morin, appelait dans Le Figaro à «‘israéliser’ notre sécurité» pour mettre hors d’état de nuire tous les individus potentiellement dangereux.