Dominique a été agressé l’année dernière en Citadelle lors d’une altercation avec un groupe de jeunes. Sérieusement blessée et traumatisée, elle espère que justice se fasse
Les faits
Dans la nuit du 5 au 6 juillet 2019, Dominique et sa famille(prénom d’emprunt) étaient agressés en Citadelle. Depuis les faits, elle n’a pas de nouvelles de l’enquête. L’affaire pourrait être qualifiée d’agression antisémite, mais ce n’est pas la tournure que semble prendre le dossier, ce que déplorent Dominique et son avocat.
Il aura fallu du temps à Dominique pour trouver la force de confier son histoire. «Si je veux témoigner aujourd’hui, c’est pour dénoncer la situation. En tant que victime, on se sent abandonnée.» Depuis son agression l’été dernier, la quinquagénaire a tout perdu. « Mon travail, mon autonomie et 60% de mon salaire… C’est gigantesque. Mais surtout, je ne peux plus sortir seule. J’angoisse, je suis agoraphobe. », souffle celle qui doit aujourd’hui se déplacer à l’aide d’une canne.
Son traumatisme remonte à la nuit du 5 au 6 juillet 2019, en marge du festival des Bordées. «Il était environ 3h30 du matin, lorsque avec ma fille et mon neveu, nous remontions en direction de l’Édito.» Là, ils croisent un groupe de cinq jeunes et l’un d’eux s’en prend verbalement à la fille de Dominique.
La mère de famille, qui a l’habitude de travailler au contact de jeunes, ne se laisse pas impressionner et reprend le garçon d’une vingtaine d’années. «Je lui ai dit de ne pas parler à ma fille comme ça. Il a répondu: «Sur le Coran, je vais te niquer ta mère.» Et ma fille a répondu, chez nous c’est la Torah. Et là, j’ai entendu juif et ça a tapé.» Un coup particulièrement violent qui fait perdre connaissance à Dominique. «Lorsque je me suis réveillée, j’étais prise en charge par les sapeurs-pompiers
Le neveu de Dominique a également essuyé des coups. Sa fille, elle, a été épargnée par les agresseurs qui ont pris la fuite à bord d’une voiture.
Une affaire classée?
Dominique a eu plus de 60 jours d’ITT, des blessures au visage suite au coup qu’elle a reçu, une fracture de la malléole, mais surtout un énorme traumatisme dû à cette agression. « J’étais quelqu’un de très sociable, d’autonome. Aujourd’hui, j’ai un traitement pour mon stress post-traumatique et je suis sujette à des angoisses.»
Des angoisses accentuées par le fait que l’enquête n’a pas encore permis de retrouver ses agresseurs. Malgré une plainte déposée trois jours après les faits, un certain nombres d’éléments apportés à la connaissance des enquêteurs, les mis en cause ne sont pas inquiétés.
«J’ai appelé l’enquêteur, qui me répondait que ça ne servait à rien de mettre la pression etc…»Aux dernières nouvelles, l’enquête est toujours en cours, mais Dominique n’a aucune information. Une situation qu’elle a du mal à accepter. «Ce n’est pas normal d’être aussi peu considérée en tant que victime… Pardon, mais on se sent comme une merde…»
En attendant, la Dunkerquoise espère avoir une première reconnaissance de son statut grâce à la commission d’indemnisation des victimes d’infractions devant laquelle elle passera en novembre prochain.
L’enquête relancée grâce à de nouveaux éléments
À la suite d’un premier classement sans suite de l’affaire, l’enquête a finalement pu être relancée après la communication d’éléments aux enquêteurs. Des informations qui permettraient de remonter à l’agresseur présumé. «Mais nous n’avons pas forcément de retour, malgré plusieurs relances», déplore l’avocat de Dominique, maître Jean-Charles Courtois.
Une situation qui interpelle la victime et son conseil. «On ne comprend pas pourquoi la réponse pénale n’est absolument pas proportionnelle à l’agression qu’a subie ma cliente». Avec l’appui de son compagnon, Dominique va saisir la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) afin de donner davantage de résonance à cette agression. Sollicité, le parquet précise que «l’enquête est toujours en cours ».
Peut-être que dans ce nouveau contexte le parquet va se réveiller, oser dire les mots qui fâchent, stigmatiser ce pauvre gamin perdu, et lui coller une peine de prison qui lui fera perdre l’envie de recommencer ce comportement violent de racaille antisémite!