Israël a rendu hommage jeudi au couple polonais qui avait caché pendant la Seconde guerre mondiale le futur réalisateur franco-polonais Roman Polanski, alors petit enfant.
Stefania et Jan Buchala ont reçu, à titre posthume, la médaille des « Justes parmi les nations » décernée par le mémorial de la Shoah de Yad Vashem à ceux qui ont aidé à sauver des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. « Malgré leur situation économique très difficile, le couple a accepté d’accueillir le garçon juif comme leur propre fils et de le protéger », a précisé Yad Vashem. La médaille a été remise à leur petit-fils, lors d’une cérémonie organisée dans le sud de la Pologne. Le cinéaste, âgé de 87 ans, a participé à la cérémonie, évoquant « un moment chargé d’émotions ».
Roman Polanski n’avait que six ans lorsque l’Allemagne nazie envahit la Pologne en 1939 déclenchant ainsi la Seconde guerre mondiale. La famille Polanski a été forcée de s’installer dans le ghetto de Cracovie. Sorti clandestinement du ghetto, par les soins de son père, le petit Roman passe de famille à famille avant de se retrouver chez les Buchala. Paysans, fervents catholiques avec trois jeunes enfants, ils l’ont hébergé pendant près de deux ans dans le village de Wysoka, dans le sud de la Pologne, sans rien demander en retour. Le réalisateur franco-polonais de « Chinatown » et « Rosemary’s Baby » a remercié le couple et salué la mémoire de Stefania, « une personne particulièrement noble ».
Des grand-parents « héroïques »
Pendant des années, M. Polanski avait essayé de retrouver la famille Buchala – en vain. Le couple est mort en 1953 et personne dans le village de Wysoka n’avait de nouvelles des enfants. Ce n’est qu’en 2017 que Roman Polanski a pu rencontrer leur petit-fils grâce à une enquête réalisée par Anna Kokoszka-Romer et Mateusz Kudla qui travaillent sur un documentaire sur l’enfance et l’amitié entre le cinéaste et le photographe Ryszard Horowitz, lui aussi survivant de l’Holocauste. La première du documentaire, intitulé « Polanski, Horowitz », doit avoir lieu l’année prochaine.
Le défunt père de Stanislaw Buchala, Ludwik, lui avait bien parlé d’avoir grandi avec un « frère » qui était parti aux États-Unis après la guerre. Il ne savait pas que son camarade d’enfance était devenu le cinéaste Roman Polanski. Stanislaw, âgé d’une soixantaine d’années, a déclaré au cinéaste être « fier » de ses grands-parents « héroïques ». « Les gens devraient savoir, surtout maintenant pendant la pandémie, qu’on peut faire quelque chose de désintéressé pour autrui ». Dans son témoignage à Yad Vashem, M. Polanski a déclaré: « Stefania Buchala m’a fourni un abri, risquant sa propre vie et celle de sa famille ». Le danger était énorme. En Pologne occupée, offrir aux juifs même un verre d’eau était passible de la peine de mort.
La Pologne, qui a perdu pendant la guerre six millions de citoyens – dont la moitié étaient juifs – compte le plus grand nombre de « Justes parmi les Nations » de tous les pays, soit plus de 7.000 personnes.
Récompense aux sauveteurs
Toujours poursuivi par la justice américaine pour des relations sexuelles illégales avec une fille de 13 ans, il y a 40 ans, le réalisateur, qui séjourne surtout en France, a été aussi accusé de viol ou d’agression à quatre reprises par d’autres femmes, des accusations qu’ils rejette.
Interrogé sur ces accusations, le directeur du département des Justes parmi les Nations de Yad Vashem, Joel Zisenwine, a déclaré à l’AFP que « personne, bien sûr, ne peut savoir à l’avance ce qui arrivera aux gens une fois devenus adultes », mais que cela n’avait « rien à voir » avec ce que les Buchala ont fait. « La récompense est décernée aux sauveteurs, pas au survivant », a-t-il dit. « Il s’agit de ce qu’ils ont fait sur le moment, risquant leur vie pour sauver un enfant de neuf ans ».
Il ne faut pas mélanger, qu’il est était présent pour remercier ses sauveteurs, beaucoup de personnes devraient prendre l’exemple sur Polanski !