Le procureur général Avichai Mandelblit décidera s’il y a lieu d’ouvrir une enquête pénale contre la ministre de la Protection de l’environnement Gila Gamliel, qui a bafoué la réglementation sur le coronavirus et dissimulé des informations aux autorités sanitaires, après que la police a remis ses conclusions au ministère de la Justice mardi.
Gila Gamliel s’est rendue à Tibériade le jour de Yom Kippour, à environ 150 kilomètres de son domicile de Tel Aviv, bien qu’il soit interdit aux israéliens de s’aventurer à plus d’un kilomètre de chez eux. Cette ministre du Likud a également bafoué les restrictions sur les activités religieuses, qui interdisent aux civils de participer aux services de prière publics à plus d’un kilomètre de leur lieu de résidence, et a prié dans une synagogue de du nord la ville où son beau-père est rabbin. Au moins huit fidèles ont contracté le coronavirus dans cette synagogue en même temps qu’elle.
Il incombe désormais au procureur général Mandelblit de décider s’il convient de lancer une enquête sur ces faits. En tant que ministre et membre de la Knesset Gamliel bénéficie de l’immunité parlementaire, cependant, parce que son infraction n’avait aucun lien avec ses fonctions, Mandelblit peut décider de révoquer cette immunité.
Gamliel a révélé dans un message Twitter tard samedi soir qu’elle avait été testée positive pour le coronavirus.
Les enquêteurs épidémiologiques du ministère de la Santé auraient tenté de la joindre pendant des heures sans succès dimanche matin. Ils ont finalement mis la main sur elle dans l’après-midi et elle leur aurait donné des détails partiels, dont certains étaient mensongers. Ainsi, parlant aux enquêteurs, Gamliel a désigné son chauffeur, qui avait également contracté le coronavirus, comme la source probable de son infection.
Le mari de Gamliel et un autre parent ont également contracté le virus, bien qu’ils n’aient pas été en contact avec le chauffeur, ce qui a éveillé les soupçons des enquêteurs. Elle a même carrément omis de mentionner son voyage à Tibériade et sa visite à la synagogue. Les enquêteurs ont donc eu une seconde conversation avec Gamliel quatre heures plus tard; c’est à ce moment là qu’elle a admis avoir participé à un service de prière dans une « synagogue familiale », mais omettant toujours de mentionner qu’elle était située à Tibériade.
Après avoir été longuement interrogée, elle a finalement donné aux enquêteurs un compte rendu complet de ses allées et venues et leur a fourni des détails sur une dizaine de personnes qui étaient à la synagogue avec elle.
Gamliel a insisté lundi sur le fait qu’elle n’avait pas enfreint les règles de confinement du coronavirus lorsqu’elle et sa famille ont voyagé de leur domicile de Tel Aviv à Tibériade, du fait que cela pouvait être considéré comme une résidence secondaire. Comment, on se demande… La ministre a ensuite présenté des excuses au peuple israélien pour ce qu’elle a appelé une «erreur de jugement», et a déclaré qu’elle paierait sans discuter l’amende qu’elle encourait.
«J’ai agi dans les limites du confinement (sic!) afin de continuer mes activités publiques quotidiennes et de les combiner avec le fait d’être mère de petites filles», a déclaré Gamliel. «Je comprends que pendant cette période, il est très important de préserver la confiance du public dans les lignes directrices du gouvernement, c’était un manque de jugement et il était possible d’agir différemment. Je souhaite m’excuser auprès du public et dire que je paierai l’amende requise. «
Des dizaines de personnes ont manifesté lundi soir devant la résidence de Gamliel dans le nord de Tel Aviv et ont exigé sa démission. La question est simple : sera-t-elle interrogée et jugée pour abus de sa position, ou se contentera-t-on de lui coller une amende? Le gouvernement qui distribue, à juste titre, des amendes pour des petites infractions, deviendrait encore plus contestable pour sa gestion de l’épidémie, et ce serait un motif de plus pour les israéliens d’aller manifester.
Line Tubiana avec ynet