Les accords entre Israël et les Emirats sont une vraie révolution

Beaucoup n’ont pas encore réalisé la pleine signification des accords de normalisation, qui vont bien au-delà de leur énorme importance économique.

Les Émirats arabes unis et Bahreïn ont été condamnés pour leurs accords de normalisation avec Israël et ont été traité de collaborateurs commerciaux et de marchands d’armes. Mais ceux qui suivent de près ce qui se passe dans le monde arabe à la suite des accords de paix voient que rien de moins qu’une révolution est en cours.

Ces dernières années, de plus en plus de citoyens des États du Golfe ainsi que d’Arabes d’Afrique du Nord, d’Irak et même de Syrie ont publié des remarques positives sur Israël sur les réseaux sociaux et opposent le régime israélien aux régimes répressifs de nombreux pays arabes. Un graphique, qui est devenu viral, comparait le nombre d’Arabes tués par Israël avec le nombre d’Arabes tués par d’autres Arabes en mettant l’accent sur la Syrie et sa guerre civile.

L’accord nucléaire entre l’Iran et l’Occident a été un catalyseur majeur de ces processus, Israël étant perçu comme le seul pays aux côtés des États du Golfe contre la menace iranienne. L’arrivée au pouvoir de Donald Trump, le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire et le renouvellement de l’embargo et des sanctions contre l’Iran ont été considérés par les Arabes sunnites comme une réalisation due au Premier ministre Benjamin Netanyahu. L’accord du siècle de Trump et les mesures économiques qu’il a proposées ont suscité la colère des Palestiniens qui ont tenté de torpiller le développement régional et ont refusé chaque proposition. Le célèbre commentaire du défunt ministre israélien des Affaires étrangères Abba Eban sur le fait que «les Palestiniens ne ratent jamais une occasion de rater une occasion» est devenu viral dans le monde arabe au moment de la conférence de Bahreïn lorsque Trump a dévoilé son plan.

Les médias des pays du Golfe ont également changé de cap ces dernières années et la visite de Netanyahu à Oman il y a deux ans a été couverte de manière très positive dans tout le Golfe, y compris en Arabie saoudite. Le sentiment était qu’un accord avec Israël allait se produire dans les années à venir. Malgré tout, les récents accords entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn ont surpris de nombreuses personnes.

Le timing et les Palestiniens

Le calendrier de l’accord est bien sûr lié aux élections présidentielles américaines du mois prochain. Trump a été en mesure de présenter une réalisation diplomatique internationale importante qui comprend de bonnes nouvelles pour les industries de la défense américaines. Pour les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, le moment choisi est important en raison de la crainte que Joe Biden gagne les élections et change de cap diplomatique sur l’Iran. Le déroulement des événements a été mené dans les coulisses par le Prince d’Arabie saoudite, Mohammed ibn Salman. Les accords entre Israël et les Émirats arabes unis et Bahreïn n’auraient pas pu avoir lieu sans son consentement et son soutien. Le prince héritier des Émirats arabes unis Mohammed bin Zayed est son partenaire dans la lutte pour la réforme et l’innovation.

C’était le moment idéal pour tous ces dirigeants qui ont lancé ces mouvements géopolitiques et créé la révolution. Il y a toujours une résistance au processus et il n’y a pas de pays qui se précipitent pour signer des accords de paix avec Israël. Cependant, l’insistance palestinienne sur le fait que tant qu’il n’y aura pas d’accord de paix entre Israël et les Palestiniens qui répondra à leurs demandes, il ne peut y avoir de normalisation entre les Arabes et Israël s’est effondrée. Ce fait a éclaté lors des réunions de la Ligue arabe des ministres arabes des Affaires étrangères, qui ont d’abord rejeté une proposition palestinienne agressive, puis une proposition plus modérée. La plupart des ministres arabes des Affaires étrangères, et pas seulement des pays du Golfe, se sont opposés aux Palestiniens.

Le boycott arabe a finalement été brisé, psychologiquement et économiquement et les ramifications sont énormes. L’ouverture des marchés des pays arabes aux produits israéliens n’est qu’une d’entre elles. Les EAU et Bahreïn sont un pont ou un pipeline et la demande ne fera qu’augmenter. Des capitaux énormes se trouvent dans le Golfe et à en juger par l’enthousiasme avec lequel les accords ont été reçus par les détenteurs de ces capitaux, une partie ira en Israël. Il y a déjà eu des initiatives de recherche concernant la pandémie de Covid-19 et dans des domaines comme l’eau, l’agritech, l’énergie solaire et la fintech, il y aura dans le futur une vraie coopération et pas seulement des investissements financiers.

Les Palestiniens peuvent encore en profiter. Dans le secteur privé, certaines initiatives commerciales existent, dont quelques-unes en coopération avec des organisations israéliennes. Le gouvernement serait sage de favoriser l’esprit d’entreprise pour aider à promouvoir l’économie palestinienne. C’est un intérêt sécuritaire israélien clair et pourrait peut-être porter des fruits diplomatiques.

«Le ciel est la limite», m’a dit le ministre de l’Économie des Émirats arabes unis Abdulla bin Touq al Marri dans une récente interview. Il y aura des problèmes de démarrage et des accords commerciaux moins fructueux, mais on s’attend à ce que tous les pays concernés tirent d’énormes avantages économiques de ces accords.

Danny Zaken pour Globes

Traduit et adapté par Line Tubiana