Après son installation officielle en présence du grand rabbin de France, la communauté juive rêve désormais d’une salle et d’une synagogue.
L’événement, une rareté en France, s’est produit jeudi dernier à la ferme de Brisebarre : l’installation de la nouvelle communauté juive de Blois. Pour le moment seulement composée de 25 familles, elle est appelée à grandir ce qui pourrait déboucher, à condition qu’elle prenne de l’ampleur, à la création d’une synagogue.
Mais on n’en est pas là. Dans l’immédiat, c’est une salle que recherche Didier Lévy, président de l’Association cultuelle et culturelle israélite de Blois. « Notre situation n’est pas très confortable » n’a-t-il pas manqué de souligner en présence du maire Marc Gricourt. « Mais je suis persuadé que la Ville va mettre les bouchées doubles pour nous aider à trouver une solution. Après une éclipse de huit siècles, il est temps que la communauté juive retrouve toute sa place à Blois. »
Dans sa demande, Didier Lévy a pu compter sur le soutien de plusieurs personnalités qui ont profité de cette installation pour gentiment mettre la pression sur le premier édile. Paul Lévy, président du Consistoire israélite du Centre-Ouest, s’est adressé au maire mais aussi à l’évêque présent dans la salle. « Nous lançons un appel aux collectivités et à Mgr Batut ! Rappelons que la synagogue voisine d’Orléans se trouve dans une ancienne église. Et que la communauté de Poitiers est logée dans un local municipal. Compte tenu de l’histoire exceptionnelle des juifs blésois, nous sommes convaincus que vous ferez l’impossible. »
Puis ce fut le tour de Joël Mergui, président du Consistoire central d’enfoncer malicieusement le clou. « En entrant ici dans cette ferme de Brisebarre, je me suis dit : “ elle est vraiment pas mal cette synagogue ”. J’espère que l’idée va germer. Il y a trop d’endroits en France où la lumière juive s’éteint. Il y a une portée très symbolique dans la création de cette communauté. » Enfin, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, s’est joint à l’offensive. « Trouver une salle, ce serait donner un écrin à des destins individuels. »
Lors de cette soirée, il a aussi été question d’un épisode douloureux, lorsque le 26 mai 1171, 35 juifs furent exécutés après avoir été accusés d’utiliser le sang des chrétiens pour la confection du pain azyme. Reprise au cours des siècles suivants, l’accusation servit de prétexte à d’autres massacres. « N’oublions pas la mémoire de ces 35 » a insisté Joël Mergui.
Sans rien promettre sur la demande de salle formulée par Didier Lévy, Marc Gricourt a évoqué « une anomalie réparée et d’une nouvelle étape dans la renaissance de la communauté juive de Blois. Cette présence est d’autant plus nécessaire que nous constatons une résurgence de l’antisémitisme, sans doute inédite depuis la Seconde Guerre mondiale. » A Blois, des croix gammées avaient été découvertes sur le chantier d’un immeuble pas plus tard que l’an passé.
Sur la même longueur d’onde, Nicolas Perruchot, président du conseil départemental, a lancé : « Chaque fois que l’antisémitisme progresse, c’est la République qui recule. » Et de rappeler que lorsqu’il était maire, il avait donné au square contigu au jardin Augustin-Thierry le nom de Clément Lévy, enfant juif né à Vendôme le 1er novembre 1940 et gazé à Auschwitz le 30 mars 1944.
Bonjour,
La démarche est louable, mais, car il y a toujours un mais, ariverat-elle au bout, j’ai connu la même démarche à Chartres il ya une vingtaine d’années, à l’époque rien n’a pu changer !