Le ministre israélien de Renseignements a affirmé lors d’une interview télévisée ce lundi 17 août que Tel Aviv et Khartoum s’apprêtent à signer un accord de normalisation semblable à celui qui a été signé entre son pays et les Émirats arabes unis.
Le ministre a indiqué que « ce pas historique » se concrétisera « probablement avant la fin de l’année ». Cette annonce a été précédée par plusieurs gestes ou actes concrets de la part des nouvelles autorités soudanaises à l’adresse de l’État hébreu.
Déjà au mois de février dernier, un premier contact direct public et officiel entre Tel Aviv et Khartoum a eu lieu à Entebbe en Ouganda. Abdel Fattah al-Burhan, à la tête du Conseil souverain soudanais, y a rencontré le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu. Ce dernier jouait alors la carte d’un rapprochement avec des pays arabes, africains et musulmans pour gagner les élections.
Accélérer la normalisation
Très rapidement, seulement deux jours après cette rencontre, la normalisation se trouve en bonne voie. Un porte-parole militaire annonce à Khartoum que désormais, les avions israéliens peuvent utiliser l‘espace aérien soudanais. Les Israéliens le réclamaient depuis longtemps car traverser le ciel de Khartoum fait économiser aux compagnies aériennes israéliennes du temps et de l’argent.
Abdel Fattah al-Burhan affirme ensuite à la presse qu’un petit comité a été formé pour étudier la normalisation. Plusieurs sources parlent « de nombreux contacts, durant les derniers mois, entre Khartoum et Tel Aviv ».
Le 24 mai, par exemple, le jour de la fin du ramadan, Benyamin Netanyahu annonce en conseil des ministres qu’il a appelé son homologue soudanais pour lui souhaiter une bonne fête d’al-Fitr et pour dire sa volonté de « développer les relations bilatérales ».
Le 25 mai, un avion israélien avec à son bord des médecins et « un haut responsable » s’est rendu à Khartoum avec pour objectif de sauver Najwa bent Gdah el Dam, conseillère du Conseil souverain soudanais et du président ougandais Museveni. Mais l’architecte de la rencontre israelo-soudanaise d’Entebbe est décédé le lendemain.
Des médias israéliens ont révélés de leur côté que les contacts entre le Soudan et Israël sont permanents et que des délégations de deux pays « poursuivent intensément les préparations pour finaliser l’accord ».
Sortir de l’isolement
Victime d’une crise économique très dure en raison des sanctions américaines et de l’amputation de la majorité de ses ressources pétrolières depuis l’indépendance du Soudan du Sud, le Soudan mise aujourd’hui sur les retombées potentielles de cette accélération de la normalisation avec Israël.
Khartoum cherche à sortir de son isolement international et est prêt à tout pour la levée des sanctions qui frappent le pays depuis des décennies. Le pays compte sur un rôle israélien pour le lever du nom du Soudan de la liste américaine des pays soutenant le terrorisme.
Il a multiplié les pas pour desserrer l’étau autour de lui en : trouvant un accord avec les familles des victimes de l’attaque du destroyer USS Cole en 2000, en négociant avec les familles de victimes des attaques de Naïroubi et de Dar al- Salam, en effectuant un rapprochement et les pays qui lui sont favorables dans la région et enfin en normalisant avec Tel Aviv.