En Israël, l’ouverture prochaine des études rabbiniques pour les femmes suscite la colère et l’opposition très ferme du grand rabbinat. L’autorité religieuse suprême du judaïsme orthodoxe menace de se mettre en grève.
Le grand-rabbinat d’Israël menace de se mettre en grève et de suspendre toute certification de rabbins dans le pays. L’autorité religieuse suprême du judaïsme orthodoxe, qui dépend directement de l’État israélien, a manifesté sa ferme opposition à la décision du procureur général du pays de vouloir créer un parcours d’étude rabbinique pour les femmes dans le pays.
Le procureur général répondait favorablement au recours d’associations féministes représentées par l’ITIM – le Centre de défense de la vie juive -, le Centre Rackman de l’Université Bar-Ilan pour la promotion de la condition féminine et Kolech, un groupe féministe orthodoxe. Leur requête visait à permettre aux femmes de passer les examens d’études rabbiniques – non pas, selon elles, dans le but d’être ordonnées rabbins – mais pour leur donner accès aux avantages qu’offre la réussite à ces examens, au long de la vie professionnelle.
Un avancement et un salaire plus élevé
En effet, si le parcours d’étude rabbinique en Israël a pour vocation première de faire accéder les étudiants au métier de rabbin, il sanctionne également un niveau de connaissance religieuse qui procure des avantages dans les carrières civiles, dans le secteur privé, comme dans l’administration, tels qu’un avancement plus rapide et un salaire plus élevé. C’est précisément sur cet argument de discrimination civile que les associations requérantes ont fondé leurs recours devant la justice israélienne, ne demandant pas officiellement l’accès au rabbinat pour les femmes.
Face à cette requête, le procureur général israélien a admis qu’il existait des « difficultés juridiques » dans la situation actuelle où seuls les hommes étaient autorisés à passer les examens et a annoncé que des discussions étaient en cours pour créer une filière de formation parallèle équivalente pour les femmes, mais a priori sans possibilité d’obtenir l’ordination rabbinique à la fin du cursus. Le parcours pourrait être administré soit par le ministère de l’éducation, soit par le ministère de l’enseignement supérieur.
« La loi et la tradition juives ne permettent pas la formation des femmes »
Le grand rabbin séfarade Yitzhak Yosef a réagi fermement à cette annonce, sommant les responsables du rabbinat de s’opposer totalement à la formation des femmes. « La loi et la tradition juives que le rabbinat est chargé de maintenir ne permettent pas la formation des femmes dans le rabbinat », a-t-il tranché. « Tant qu’il y aura un ordre juridique obligeant le rabbinat à former des femmes, cela mettra un terme à toute certification de rabbins, en attendant un amendement législatif pour régler la question », a-t-il ajouté.
De fait, même si les associations féministes ne demandent pas explicitement l’accès au rabbinat féminin, la création de cette filière parallèle pour les femmes pourrait bien être une première étape dans l’accès à cette fonction, jusque-là réservée aux hommes. Il existe déjà une centaine de femmes rabbins orthodoxes en Israël, mais leur existence n’est pas reconnue officiellement par le grand-rabbinat israélien.
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