Sur le terrain en Syrie mais aussi en Irak, les jihadistes ont repris pied et ont profité de la pandémie de coronavirus pour renforcer leurs capacités insurrectionnelles.
Donald Trump avait annoncé avoir vaincu Daech à 100 % il y a plus d’un an après la chute de Baghouz en Syrie, le dernier réduit appartenant à l’organisation terroriste. Mais même dépourvu de territoire, Daech n’en reste pas moins dangereux. L’Irak, berceau de l’organisation, connaît en effet ces dernières semaines une intensification des attaques jihadistes.
« C’est plus qu’une résurgence, commente Jean-Charles Brisard, président du CAT, le Centre d’analyse du terrorisme. C’est-à-dire qu’effectivement, après leur défaite territoriale, cette organisation est redevenue clandestine, multiplie les opérations. On sait même qu’elle a retrouvé des capacités financières, qu’elle est capable de se livrer à de l’extorsion ».
Des « centaines de prisonniers » en fuite ont rejoint des « cellules dormantes »
Même méthode, même stratégie et à terme même objectif pour les jihadistes qui ont profité du vide sécuritaire créé par la pandémie de coronavirus et du retrait d’une partie des forces de la coalition internationale dirigée par les États-Unis. « Tout ça fait qu’on a affaibli effectivement nos capacités de répondre aux défis posés par l’État islamique », confirme Jean-Charles Brisard.
Autre facteur qui tend à expliquer le retour en puissance de Daech, la fuite ces derniers mois, de nombreux terroristes des prisons et camps de fortune gardés par les forces kurdes dans le nord-ouest de la Syrie. « Il semble qu’il s’agisse de centaines de prisonniers qui ont pu s’échapper et qui ont rejoint des cellules dormantes le long de la frontière syro-irakienne contrôlée par l’organisation terroriste », rapporte Pierre-Jean Luizard, historien spécialiste des mouvements jihadistes le long de la frontière irakienne. Plusieurs pays de la région, comme la Jordanie, ont fait part de leur inquiétude et ont appelé l’Occident à ne pas baisser la garde.