Pour assurer le développement des zones économiques de Fnideq et Nador, le Maroc parie sur l’apport des décideurs économiques juifs installés à Ceuta et Melilla ainsi qu’à Gibraltar.
Rabat courtise les décideurs économiques juifs, d’origine marocaine, établis dans les enclaves de Ceuta et Melilla. Des prises de contact sont actuellement menées par les plus hautes autorités du Maroc en vue de les convaincre d’investir dans les zones industrielles de Fnideq et Beni Nsar.
Des appels du pied en coulisse qui sont désormais révélés publiquement à Melilla. En témoigne, l’émission consacrée hier à ce sujet par le journaliste Alberto Benzaquen, de confession juive, sur sa chaîne web TV. L’animateur et ses invités ont révélés que des figures économiques de la ville «ont reçu des appels d’un conseiller royal les invitant d’effectuer un retour au Maroc en échange d’avantages fonciers et fiscaux». Cependant, ils se sont gardés de citer des noms.
Certaines indiscrétions avancent le nom de l’ancien président de la communauté israélite de Melilla, Salomon Benzaquen Cohen, également un homme d’affaires propriétaire de sociétés basées à Melilla et Madrid. Ce dernier serait favorable à l’invitation du retour au royaume. Un autre investisseur appartenant à la même communauté religieuse a déjà jeté l’ancre dans la zone industrielle de Nador. Pour rappel, la majorité des juifs résidents à Ceuta et Melilla sont originaires de Fès, Tanger, Tétouan et Debdou.
Les juifs de Gibraltar sont également dans le viseur
Ces négociations sont de nature à donner davantage de soucis au président de Melilla. Dimanche 14 juin, Eduardo de Castro, a indiqué que la mise à l’écart de Ceuta et Melilla de l’Opération Marhaba 2020 «obéit à un plan» d’étouffement économique des enclaves espagnoles en territoire marocain. Il a, à ce titre, lié cette décision à celle de la fermeture de la frontière commerciale du Maroc avec Melilla, décrétée le 1er août 2018.
Les juifs de Ceuta et Melilla ne sont pas les seuls que Rabat tente de séduire, ceux établis à Gibraltar sous souveraineté britannique sont également dans le viseur. Certaines familles ont reçu des appels téléphoniques du même conseiller royal, rapporte le journaliste Alberto Benzaquen.
Bien avant que ces contacts ne prennent une forme officielle et avec le parapluie du palais royal, il est lieu de signaler qu’en février, le président de l’Association Grand Rif des Droits de l’Homme, Said Chramti a démarché deux familles de confession juive résidant à Gibraltar. «Sur le principe d’investir exclusivement dans les régions du Nord du Maroc, les personnes contactées n’avaient exprimé aucune objection. Toutefois elles ont émis des réserves quant à la bureaucratie marocaine, la corruption et le clientélisme», nous a-t-il confié.
La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne pourrait bénéficier aux démarches de Rabat. Tout comme le projet marocain devant mettre un terme à la contrebande en provenance de Ceuta et Melilla.