Des chercheurs ont découvert que le risque d’infection au COVID-19 semble être réduit de moitié voire plus chez les fumeurs actuels.
Ça fait des lustres qu’on passe pour des lépreux pestiférés, la tolérance au tabac est proche de zéro un peu partout, et on est obligés de s’emmitoufler pour aller fumer une cigarette quand c’est « no smoking« . Et il paraît que bientôt même la rue sera un endroit non fumeur : il ne nous restera plus que nos appartements.
Et soudain, dans cette mouise d’épidémie une petite lueur apparaît : et si les fumeurs étaient protégés ? J’ai entendu cette hypothèse pour la première fois il y a plus de deux mois. Mon frère, médecin, fumeur et observateur, m’en a fait part. Il avait simplement constaté qu’autour de lui, pas ou presque pas de contamination dans cette population tant décriée d’habitude. Et pourtant, dès le début de l’épidémie, un tas de bien pensants nous avaient mis en garde : tu fumes, tu crèveras plus vite!!!
Au début j’ai bien gardé le silence, et lui aussi bien sur, pour ne pas provoquer moqueries et critiques. Puis on commence à entendre des voix suggérant la justesse de cette idée. Des voix isolées. On explique bien que c’est la nicotine et non le tabac qui seraient protecteurs, et que fumer « c’est pas bien », alors que parallèlement à la hausse du prix du tabac, le prix de l’alcool ne bouge pas, et on peut continuer sans se ruiner à se torcher éhontément, et se coller tous les problèmes que l’on connaît liés à cette consommation qui tue des gosses….
Et puis arrive cet article du Monde qui titre » Coronavirus : la proportion de fumeurs parmi les personnes atteintes du Covid-19 est faible« . On nous rappelle bien que quand même le tabac est le pire des tueurs et l’on se cache derrière des statistiques mondiales pour ne pas voir l’état d’alcoolisme chronique dans lequel se vautre notre pays.
Mais quand même, on reste prudent, on nous balance une étude britannique qui soutient le contraire, et là soudain, bim, on est obligés de dire les choses clairement : le tabagisme peut offrir une certaine protection contre le coronavirus, selon une étude israélienne. Les résultats confirment de récentes conclusions similaires de chercheurs en France, en Chine et en Italie.
L’étude israélienne
Notant qu’il existe des rapports contradictoires concernant l’impact du tabagisme sur la probabilité de contracter le coronavirus, l’équipe israélienne dirigée par le Dr Ariel Israel a entrepris une étude démographique tirant des données de plus de 3 millions de membres adultes du Clalit Health Service, le plus grand prestataire de santé d’Israël.
Leurs résultats, présentés dans un article non révisé par des pairs publié vendredi dans medRxiv, ont révélé que « le risque d’infection par COVID-19 semble être réduit de moitié chez les fumeurs actuels ».
Sur plus de 3 millions d’adultes inclus dans l’étude, 114 545 avaient été testés pour le virus, dont seulement 4% étaient positifs. Les chercheurs ont comparé ceux qui se sont révélés positifs à ceux qui se sont révélés négatifs dans un rapport de 1: 4, en tenant compte le plus étroitement possible des variables telles que l’âge, le sexe, l’origine ethnique. Ils ont constaté que parmi ceux qui avaient été testés positifs, 9,8% étaient des fumeurs contre 19% de la population totale.
Une habitude de fumer antérieure semblait également conférer un certain avantage, car 11,7% des personnes testées positives étaient d’anciens fumeurs contre 13,9% dans la population de recherche générale. Par conséquent, les résultats suggéraient que ceux qui avaient déjà fumé avaient 19% moins de risques d’attraper le virus.
Ces résultats semblaient valables même lorsque les conditions existantes étaient prises en compte, et parmi ceux qui se sont révélés positifs, rien ne prouvait que le tabagisme ait aggravé les symptômes de la maladie. « L’ampleur de l’association observée pour le tabagisme actuel, avec une probabilité d’infection réduite d’environ la moitié chez les fumeurs, suggère un véritable effet protecteur du tabagisme sur le risque de COVID-19. »
Les études ailleurs dans le monde
Les résultats reflètent des résultats comparables dans une étude récente réalisée par le professeur Zahir Amoura de l’hôpital Pitié Salpétrière à Paris, qui a constaté que, sur 482 patients COVID-19 qui se sont présentés à l’hôpital entre le 28 février et le 9 avril, seulement 4,4% des les patients ambulatoires et 5,3% des patients externes étaient des fumeurs quotidiens, contre 25,4% de la population générale.
Cette étude a également révélé que les fumeurs étaient 80% moins susceptibles de développer des symptômes graves, ce qui a conduit les chercheurs à suggérer que la nicotine dans les cigarettes se lie aux sites des récepteurs cellulaires, empêchant le virus de s’installer en bloquant son accès à ces sites.
De même, l’University College de Londres a mené une étude et a constaté que le nombre de victimes de coronavirus qui étaient fumeurs était « plus faible que prévu »; un examen de 13 études chinoises a révélé que seulement 6,5% des 5 300 personnes hospitalisées pour corona étaient des fumeurs; et une étude de l’America’s Center for Disease Control a révélé que seulement 1,3% des plus de 7 000 personnes testées positives étaient des fumeurs, contre 14% de tous les Américains, selon le Daily Mail.
Si vous voulez lire des résultats contraires, reportez vous à l’étude (bien isolée…) du Docteur Hopkins, car ce n’est pas mon propos, et google vous aidera dans votre recherche sur cet apôtre prêchant seul….
Se basant sur toutes ces études, certains chercheurs étudient la nicotine en tant que thérapeutique potentielle pour COVID-19, donnant des patchs de nicotine aux patients pour voir s’ils réduisent l’instance et la gravité du coronavirus, d’autant plus que le médicament semble avoir des effets bénéfiques dans la lutte contre un phénomène connu sous le nom de tempête de cytokines, qui se produit lorsque la réponse immunitaire naturelle se met en surcharge – un effet qui peut entraîner la mort.
« La nicotine a des effets sur le système immunitaire qui pourraient être bénéfiques pour réduire l’intensité de la tempête de cytokines », a écrit le Dr Farsalinos Farsalinos, de l’Université de West Attica, en Grèce, dans la médecine interne et d’urgence, selon le Daily Mail. « Les avantages potentiels de la nicotine … pourraient expliquer, au moins en partie, la gravité accrue ou les effets indésirables chez les fumeurs hospitalisés pour COVID-19, car ces patients subissent inévitablement un arrêt brutal de l’apport de nicotine pendant l’hospitalisation. Cela peut être possible en réutilisant des produits pharmaceutiques de nicotine déjà approuvés tels que des timbres de nicotine. »
Voila donc enfin reconnue du bout des lèvres par la communauté médicale, que le tabac a protégé du coronavirus. Ce n’est pas une apologie du tabagisme, mais juste la constatation que « l’ennemi public n°1 » a eu pendant cette période troublée et difficile, quelques bons effets.
Line Tubiana