Au terme de deux mois de réclusion à domicile, après avoir entendu rabâcher que le livre n’était pas un bien indispensable, l’avis des lecteurs diffère. Selon les informations recueillies par ActuaLitté, la vente de liseuses a connu une formidable embellie, et le taux d’équipement durant la période s’est considérablement accru.
Si Amazon ne donne pas de chiffres, jamais, tant pis. Les autres acteurs en France l’affirment désormais, la lecture numérique a amplement profité du confinement. À plusieurs reprises, quelques communications ont indiqué, ces dernières semaines, que l’ebook n’était pas le grand oublié, tant s’en faut. Et les liseuses, par ruissellement, ont réalisé des ventes jusqu’à lors inédites.
Jusqu’à + 130 % de ventes
Fabian Gumucio, directeur du marketing pour Kobo Europe ne boude pas son plaisir : « Les ventes de contenus ont explosé en effet et cela a eu un effet collatéral sur les liseuses. Sur certaines semaines d’avril, les résultats ont doublé par rapport à l’an dernier à la Fnac, jusqu’à 130 %. »
Côté Bookeen, Michael Dahan, président et fondateur, assure également de ventes excellentes, via le seul canal ecommerce. Les deux modèles de lecteurs book phare, Diva et Muse, ont « rapidement été en rupture de stock ».
L’événement déclencheur, ce fut ce 21 mars, quand une info devenue virale a pointé les quelque 500 ebooks gratuits disponibles sur Fnac. Deux jours plus tôt, la même information, cette fois sur 5000 ebooks (extraits et ouvrages du domaine public) avait agité la toile, et entraînait les lecteurs vers les sites de Furet du Nord et Decitre.
« Nous avons enregistré quelques centaines de milliers de nouveaux clients », reprend Fabian Gumucio, avec « plusieurs millions de téléchargements gratuits », depuis le site Fnac.com. Et un effet immédiat sur les liseuses, « avec un pic le 10 avril ». Grande plébiscitée, la dernière venue des liseuses Kobo : la Forma. « Cela a prouvé que quand les gens achètent pour eux, ils savent se faire plaisir pour leur confort de lecture. »
Sur internet, comme en librairie
Pour Christophe Desbonnet, directeur général adjoint de Furet du nord/Decitre, l’impact confidemment fut identique. « Nos ventes ont été multipliées par trois, tant en magasin que sur nos sites internet », explique-t-il à ActuaLitté. Les deux plateformes enregistrent une croissance de 696 % des ventes de liseuses depuis le 15 mars.
Les deux modèles les plus achetés restent la Vivlio Inkpad 3 et la Touch HD. Or, depuis la réouverture des librairies Decitre, la tendance se prolonge : « Nous enregistrons une croissance de 194 % depuis le 11 mai. »
Côté Furet, avec deux librairies encore non ouvertes — et traditionnellement bonnes vendeuses pour ce qui touche à la lecture numérique —, les ventes sont encore sur une hausse de trois fois les volumes, en comparaison de 2019. « La réactivité de notre fournisseur, Vivlio, a été essentielle pour la gestion de stock », conclut-il.
Bien entendu, les volumes de ventes amazon ne seront pas communiqués — nous aurons essayé —, mais avec ces résultats, difficile d’imaginer que la firme américaine n’ait pas surfé sur la même vague. La question de l’équipement, cruciale dans le développement de la lecture numérique, pourrait avoir franchi un cap.