Chavouot, qui tombe sept semaines et un jour après Pessah, (d’où le nom de Chavouot « Semaines »), est l’époque où les Juifs revivent le moment où Dieu a fait « dix déclarations » considérées comme l’essence des lois et de l’éthique juives.
A tel point que Chavouot est aussi appelé « zeman matan toratenu« , « le moment où notre Torah nous est donnée », car les « Dix Déclarations » (traduites a tort « Dix Commandements ») résument les principes qui régissent l’ensemble de la sagesse et de la loi juives.
Mais les juifs suivent-ils ces préceptes?
L’interdiction du meurtre, du vol, même de l’adultère et de la convoitise vise essentiellement à protéger les biens plutôt qu’à prendre soin des opprimés. Il n’y a rien, par exemple, sur la justice sociale, la protection des enfants contre la cruauté, rien sur le viol, rien sur toutes sortes d’esclavage, les réfugiés, les pauvres, la discrimination, et bien d’autres thèmes centraux évoqués par les prophètes, les maîtres de sagesse et les rabbins.
C’est pourquoi la tradition a ressenti le besoin de combler le vide dans la présentation des valeurs juives fondamentales en établissant la lecture du livre de Ruth à Chavouot.
« Ce parchemin ne concerne ni les lois de la pureté ou de l’impureté, ni les actions permises ou interdites. Pourquoi, alors, a-t-il été écrit ? »,demande un ancien texte juif. » Pour vous apprendre à quel point la récompense pour la pratique du hesed est grande. »
C’est le mot clé pour comprendre tout le livre de Ruth; c’est aussi un mot qui désigne l’un des principes fondamentaux sans lequel aucun judaïsme n’est possible, et qui est décrit et expliqué par huit versets dans le premier chapitre nous lisons:
Et Noémi dit à ses deux belles-filles : « Allez, retournez chacune d’entre vous dans la maison de sa mère; que le Seigneur vous traite avec hesed »
Et plus tard, confrontée à Ruth sur l’aire de battage (le lieu où l’on bat le grain), Boaz parle de son hesed. Pour lui, il était encore plus grand que le hesed qu’elle avait fait auparavant, sans doute en accompagnant Naomi à Bethléem.
« Les exemples de hesed dans le livre de Ruth se suivent les uns après les autres. Ils comprennent la dévotion de Ruth envers sa belle-mère, l’offrande d’elle-même à Boaz, l’offre extravagante de Boaz de l’épouser au nom de la ge’ulla, ce qui, par définition légale, n’inclut en aucun cas un tel mariage ».
Alors, qu’est-ce exactement le Hesed ?
C’est un terme hébreu difficile à traduire, c’est pourquoi il vaut mieux le garder dans son original hébreu. L’hébreu Hesed désigne « la volonté de se porter mutuellement assistance« . Le terme, en fait, comprend tout acte par lequel une personne peut conférer un avantage à une autre.
C’est une sorte de génération spontanée de bonne volonté dans le caractère humain qui nous fait prendre plaisir à donner de façon désintéressée et joyeusement aux autres; c’est le trait qui selon le judaïsme doit sous-tendre toutes les relations interpersonnelles.
La racine de l’hébreu hesed signifie « promptitude à aider » ou, en tant que verbe, « se rassembler en vue d’aider ».
« Comment aimer », au sens de « comment aider à être sain« , telle est la grande question posée à tous les personnages du livre de Ruth. La spiritualité juive, à la différence, par exemple, de la spiritualité orientale, met l’accent non pas sur le développement spirituel de soi, mais sur le « service« .
Selon les mots du prophète Michée : « Il t’a dit, ô humain, ce qui est bon ; et ce que Dieu exige de toi, c’est d’agir avec justice, d’aimer le hesed et de marcher humblement avec ton Dieu. »
Avec les « Dix déclarations », le hesed donne une bonne compréhension de ce qu’est le judaïsme. Hag Sameah!!
Moshe Pitchon