À l’automne 2007, jaillissait en beau diable de sa boite le Kindle, et sa traîne de mariée : une librairie connectée et un outil pour autopublier en numérique. Amazon jetait un pavé dans la mare, et en guise de thrènes, la concurrence n’avait que ses yeux pour pleurer. 2020, Apple décide de réagir. Mieux vaut tard que jamais.
Les solutions d’autopublication ont explosé après l’apparition de KIndle Direct Publishing : jamais aucune n’est parvenue à concurrencer efficacement l’outil d’Amazon. Pas faute d’avoir essayé, mais premier arrivé, premier servi, surtout avec une technologie d’une simplicité redoutable, et un marché qui ne demandait qu’à se structurer.
Et voici que huit ans après ses premiers pas dans le monde du livre numérique — l’application iBooks pour l’iPad — Apple se retrousse les manches. Il faut reconnaître qu’avec 450 millions $ d’amende pour violation des lois antitrust en 2014 (payée en 2016), à peine quatre ans après la sortie du premier iPad, la firme pouvait être refroidie. Accusée et condamnée pour avoir introduit un système de fixation de prix pour les livres numériques, il a fallu quelques années à la firme de Cupertino pour revenir dans la course.
Pendant ce temps, Amazon ne s’est pas privé. Et le secteur de l’autopublication a crû, sans attendre que les machines de la Pomme ne proposent des solutions efficaces. Pourtant, il y a toujours une place à prendre, a-t-on estimé, puisqu’un nouveau service sort : Apple Books for Authors. Et sa communication est frontale, démontrant toutes les qualités que la plateforme d’autopublication peut avoir sur… Kindle.
Au menu, 70 % de droits d’auteur reversés, quel que soit le prix de vente. En effet, les contraintes de Kindle pour obtenir les 70 % tant vantés sont nombreuses — mais désormais, Amazon possède une belle part du marché. Pas de frais supplémentaires, non plus. Or, si l’approche est brutale, les points soulignés sont vrais : sur le papier, Apple Books for Authors est plus intéressant.
Apple Insider s’est lancé à la découverte du produit, pour vérifier ce que l’application, toujours nommée iBooks Author, permet de faire. Or, l’appli originelle souffrait de défauts qui n’ont fait que confirmer la place de Kindle Direct Publishing auprès des auteurs : quand bien même elle offrait des ouvrages de qualité supérieure, Kindle est devenu omniprésent – et conséquemment, omnipotent, décidant par la force de l’arbitraire qui a droit de vie ou de mort sur sa plateforme.
En soi, donc, un concurrent n’est jamais une mauvaise chose. Surtout que l’application iBooks, devenue Books — ou Livres en français — reste un outil appréciable de lecture. Et une librairie connectée disposant d’une offre équivalente. Mais sans le volume massif des auteurs indépendants…
Alors, par défaut, autant essayer : les différentes options de reporting, de création de fichiers audio, de tracking des ventes et de préparation des livres sont séduisantes. Et puis les temps ont changé : l’ebook ne tuera pas les librairies, d’ailleurs son prix de vente aux États-Unis a augmenté, et les cartes ont été rebattues.
Aujourd’hui, on sait que l’explosion du livre numérique outre-Atlantique découle de la disparition progressive des librairies indépendantes — situation qui, en France, est radicalement différente.
La plateforme n’est encore qu’en anglais, mais peut être visitée ici.