Rachel, 38 ans, habitante de Hadera (entre Tel-Aviv et Haïfa), mère de trois garçons, témoigne de son quotidien en Israël pendent le confinement.
En Israël, on a eu les mesures pour lutter contre le coronavirus petit à petit. Ça a commencé par le blocage des vols de certains pays, et ensuite les règles se sont durcies… Au début, on a trouvé ça un peu excessif car la maladie était loin. Mais finalement ça nous a permis de comprendre assez vite qu’il y aurait des mesures plus fortes. Par exemple, la fermeture des écoles n’a pas été pour nous une grande surprise. Ni pour les parents, ni pour les enseignants. Et notre école (mes deux grands sont en CE2 et en cinquième) s’est donc vite organisée, histoire que les enfants n’imaginent pas que le confinement est une période de vacances. Voir l’école mettre en place aussi vite des programmes de cours m’a vraiment rassurée sur l’organisation des journées.
Le confinement et l’école à domicile
La perspective d’occuper trois enfants enfermés dans un appartement tout en travaillant m’inquiétait un peu. Dans les faits, les plus grands ont de temps en temps des cours par vidéoconférence. Notre école utilisait déjà beaucoup les mails et les outils informatiques pour rendre des devoirs donc ce n’est pas un gros changement. Pour les plus petits, l’école s’est appuyée sur une plateforme interactive qui publie chaque jour le programme de l’enfant… jusqu’à 13 heures ! Eh oui en Israël, l’école se termine en milieu de journée. Mais c’est un programme très complet : ça va du petit déjeuner (« Que faut-il manger pour être en forme le matin ? ») au cours de maths (feuille d’exercices ou lien vers un site que les enfants utilisent déjà habituellement pour faire leurs devoirs) et jusqu’aux récréations (avec différents jeux proposés : jeux sur l’ordinateur, feuille de coloriage, etc.).
Il faut bien entendu accompagner les enfants pour les aider et vérifier que tout est fait mais l’organisation est très bien pensée. Et la journée de cours se termine par une question : « Quelle est ton humeur aujourd’hui ? » qui permet au professeur de voir si tout le monde est OK. Quand ils le peuvent, les enseignants appellent pour vérifier que tout va bien.
Le télétravail avec les enfants
Côté boulot, personnellement, je travaille de la maison en tant qu’indépendante. Bien entendu ma charge de travail a beaucoup baissé et mon temps de travail aussi compte tenu de la présence des enfants (mon dernier a 2 ans) à la maison. Pour mon mari, le télétravail n’est pas non plus une nouveauté : il a la chance que son entreprise lui ait toujours permis d’exercer à distance. Il travaille en effet beaucoup avec les Etats-Unis et, avec le décalage horaire, a souvent des réunions le soir auxquelles il participe depuis la maison.
Ici, le télétravail fait partie de la culture. Pour les métiers où cette solution est possible, elle a été très rapidement mise en place. Bien entendu, la situation est bien plus difficile pour tous ceux qui ne peuvent pas travailler à distance. Le taux de chômage a fait un bond spectaculaire [un demi-million d’Israéliens ont déposé des demandes d’allocations chômage depuis le début du mois, selon le ministère des Affaires sociales, NDLR]. Espérons que ça ne soit que très temporaire. Le télétravail nécessite une certaine organisation et une vraie capacité à se concentrer malgré tout ce qui se passe autour. Mais on se bat pour conserver son emploi autant que possible bien entendu.