L’Etat juif a étendu lundi les mises en quarantaine : toute personne arrivant en Israël devra observer une quarantaine de deux semaine.
Le ministère de la santé israélien a pour l’heure recensé 49 cas d’infection par le coronavirus dans le pays. C’est encore peu et pourtant, les autorités, qui se veulent « les plus strictes » au monde, ne cessent d’annoncer de nouvelles mesures de prévention. Lundi, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a indiqué dans une vidéo diffusée sur son compte Twitter que toute personne arrivant en Israël devra observer une quarantaine de deux semaines afin d’éviter la propagation du nouveau coronavirus dans le pays. Selon Haaretz, son ministre de la défense, Naftali Bennett, envisage quant à lui la possibilité de clore les points de passage vers la Palestine, d’où quelque 120 000 travailleurs se rendent quotidiennement en Israël, et où l’on compte pour l’instant vingt-cinq cas d’infection.
20 000 personnes en quarantaine
C’est la marque d’une singularité israélienne, petit pays de 9 millions d’habitants qui n’entretient que des liens limités avec ses voisins, à l’exception de la Palestine. Il a les moyens de se fermer, et de suivre en détail les cas existants à partir d’un unique aéroport international : la plupart des quelque 20 000 personnes aujourd’hui placées en quarantaine chez elles, pour une durée de quatorze jours, l’ont été à leur retour de l’étranger.
Rares sont aussi les Etats qui ont énoncé avec une telle clarté le durcissement prévu de leurs mesures de prévention, si l’épidémie se répand. Les Israéliens, habitués à suivre les consignes de sécurité préventive de l’armée, et peu confiants dans un système de santé en mal d’investissements, paraissent se satisfaire de cette rigueur affichée, et passer l’éponge sur les exagérations qui les accompagnent.
Parmi les personnes infectées, la plupart l’ont été au retour d’un voyage en Europe de l’Ouest, pour près de la moitié en Italie. L’une d’entre elles avait voyagé en avion avec un groupe de pèlerins qui repartaient en Grèce. Les autorités ne déplorent aucun mort, mais la presse suit avec attention l’évolution d’un patient en état critique, un homme de 38 ans, résidant de la partie orientale, palestinienne, de Jérusalem. Elle prédit un durcissement assuré des mesures de prévention s’il venait à succomber.
Mesures loufoques
Les festivités de Pourim ont d’ores et déjà été annulées cette semaine, causant des pertes à hauteur de 46 millions d’euros. Le grand rabbin d’Israël, David Lau, a quant à lui exhorté la population à « ne toucher, ni n’embrasser la mézouza ».
Au titre des mesures plus anecdotiques, voire loufoques, M. Nétanyahou a promis dimanche d’envoyer les lycéens passer à la javel les gares et les terminaux de bus du pays durant les vacances de Pourim, qui pourraient être prolongées. En fin de semaine dernière, il avait encouragé les citoyens à cesser de se serrer la main, pour se saluer d’un « namasté » à la manière indienne, en joignant les paumes de leurs mains face à leur torse.
M. Nétanyahou ne s’embarrasse pas de fausse pudeur pour qualifier la circulation mondiale du virus : samedi soir, il s’est dit assuré qu’elle serait déclarée une pandémie mondiale dans les jours à venir. Le vice-ministre de la santé, Itamar Grotto, a quant à lui affirmé, dimanche à la chaîne 12, que des dizaines de milliers d’Israéliens pourraient contracter le virus.
La semaine dernière, Israël a inscrit la France l’Espagne, l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse sur sa liste des foyers d’épidémie, et a interdit à leurs ressortissants d’entrer sur ces territoires. C’était déjà le cas pour plusieurs pays asiatiques dont le Japon, la Corée du Sud et la Chine. Pourtant dimanche soir, M. Nétanyahou a paru temporiser, en refusant pour l’heure d’imposer une période de quarantaine aux Israéliens de retour des Etats-Unis.
La presse rapportait que le ministère de la santé considérait désormais ce pays comme un foyer d’infection, et aurait recommandé une mise en quarantaine des Israéliens de retour de New York, de Californie et de Washington, voire une interdiction d’entrée sur le territoire pour les passagers étrangers. Pour M. Nétanyahou, il y a là un risque politique : cela reviendrait à affirmer que l’administration américaine, son alliée, ne maîtrise pas l’épidémie.
Etat d’urgence en Cisjordanie
Déjà la semaine passée, les autorités israéliennes s’étaient refusées à imposer une quarantaine aux Israéliens revenant de la conférence annuelle de l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), à Washington, à laquelle trois personnes infectées avaient participé. Quant au ministre de la santé, Yaakov Litzman, il peut craindre de compromettre le grand pèlerinage de Pâques de sa communauté ultraorthodoxe, la principale opportunité annuelle de levée de fond des « haredim », durant lequel des dizaines de milliers de juifs religieux venus d’Amérique sont attendus en Israël.
Ces interrogations ne sont déjà plus d’actualité pour l’Autorité palestinienne. Consciente du fait que son système de santé n’est pas en mesure de résister à une infection de large ampleur, elle a décrété l’état d’urgence le 5 mars, pour une durée de trente jours. Le système éducatif, des crèches aux universités, est fermé jusqu’à nouvel ordre, ainsi que les églises et les mosquées. Les touristes sont interdits d’entrer dans les villes. Le trafic est restreint entre les districts de Cisjordanie, un contrôle également exercé avec sévérité par l’armée israélienne, qui a autorité sur une large part de la région occupée depuis 1967.
L’armée a ainsi fermé les points de passage vers la ville de Bethléem, située à vingt minutes de route au sud de Jérusalem. La ville a recensé dix-neuf cas de contaminations, tous transférés à une zone de quarantaine de Jéricho. Les premiers cas ont été rattachés à un groupe de touristes grecs, qui avaient séjourné dans un hôtel de la ville voisine de Beit Jala, et qui ont également visité Israël.