C’est en menant son travail de documentation sur les synagogues égyptiennes que l’historien Yoram Meital a fait une heureuse découverte en juillet 2017 : celle d’un codex biblique appartenant à la communauté juive karaïte. Datant de 1028, le document représente une source considérable pour le patrimoine juif en Égypte.
Les recherches menées par Yoram Meital s’inscrivent dans le cadre d’un projet dirigé par Drop of Milk, organisation égyptienne qui se donne pour mission de préserver le patrimoine juif et contribue à promouvoir son histoire. L’historien a retracé les circonstances de sa découverte dans la Jewish Quarterly Review. L’article est consultable en ligne.
Le codex biblique a été retrouvé dans la synagogue karaïte Moussa Der’i, située au Caire. Abandonné sur une étagère et dissimulé sous quelques couches de poussière, le document était enveloppé dans un papier blanc, « le type qui est parfois utilisé comme couverture de table dans des restaurants bon marché », décrit l’historien.
Des conditions de conservation qui laissent à désirer, mais qui ont néanmoins permis de préserver le codex des ravages du temps. Comme s’en réjouit Meital : « Le parchemin est en très bon état, bien que quelques dizaines de pages aient été endommagées par l’humidité, où l’encre s’est évanouie et la partie écrite perdue . »
Le codex est un trésor historique
Composé de 313 feuilles manuscrites écrites recto verso, ainsi que de 12 pages supplémentaires contenant des notes techniques de critique et d’écriture, le codex est l’un des exemplaires de la Bible hébraïque de la communauté juive karaïte. Ses pages comportent également des illustrations décoratives suivant la tradition de la calligraphie arabe de l’époque.
Les annotations sont restées pour la plupart lisibles, dont celles du colophon, la note finale du codex. Celle-ci a ainsi permis au chercheur de connaitre la date de parachèvement de l’écriture du document, qui remonte à 1028, ainsi que le nom du scribe, Zechariah Ben Anan.
Le document représente une ressource documentaire de taille pour la communauté juive égyptienne, puisqu’il a été écrit juste après la codification du système d’écriture, précise Yoram Meital.
« Il est l’un des premiers exemples connus de l’école de Tibériade, qui a formé des scribes célèbres aux IX-XIe siècles, y compris Ben’ Anan » , précise l’historien, qui estime que les pages manuscrites auraient quant à elles été reliées au XXe siècle.
« Avant son étagère poussiéreuse dans la synagogue Moussa Der’i, le document était hébergé avec d’autres manuscrits précieux (aujourd’hui disparus) et des rouleaux de la Torah à la synagogue Dar Simcha jusqu’en 1967 », poursuit-il.
Et d’ajouter plus loin : « Dans ce contexte, la redécouverte de ce manuscrit est l’occasion de discuter de ce que l’on pourrait appeler “l’avenir du passé juif” en Égypte. Il nous permet d’examiner les significations larges et profondes de la préservation du patrimoine juif dans l’espace dans lequel il a été créé. »
Création d’une bibliothèque dédiée au patrimoine juif
Depuis sa découverte, le manuscrit a été conservé dans un endroit non divulgué. La prochaine étape est la création d’une bibliothèque consacrée au patrimoine juif dans l’enceinte du complexe central de la synagogue Shaar Hashamayim, au Caire.
« Nous avons l’intention d’ouvrir une bibliothèque qui aura deux collections — l’une sera composée de 10.000 à 12.000 volumes que nous avons déjà collectés au Caire et le deuxième étage sera consacré à des documents et manuscrits rares », a indiqué Meital, cité par The Times of Israel.