À Châteauroux, les archéologues de l’Inrap semblent avoir mis au jour l’ancien cimetière juif de la ville, une découverte exceptionnelle, les cimetières juifs du Moyen Âge ayant pour la plupart disparu en France, après leur appropriation par la couronne.
La dernière campagne de fouille programmée à l’emplacement présumé du cimetière juif médiéval de Châteauroux s’est achevée en 2019. Ce projet multi-institutionnel (Inrap, UMR PACEA, UMR IRHiS, Comité de Recherches Historiques, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, École des Hautes Études en Sciences Sociales et Fédération des Sciences Archéologiques de Bordeaux) a été mené par Philippe Blanchard (Inrap) sous le contrôle scientifique du Service Régional de l’Archéologie.
À la recherche d’une preuve formelle…
La fouille a été réalisée sur une parcelle privée dans le quartier des Marins à quelques dizaines de mètres d’une opération préventive de l’Inrap menée en 1997 sous la direction de Philippe Blanchard. Cette dernière avait livré 10 tombes d’enfants (6 mois à 8 ans) tous inhumés en cercueil. Le caractère juif du lieu était envisagé sur la base d’un plan du XVIIIe siècle qui plaçait dans ce secteur de la ville, l’ancien cimetière de la communauté juive. Faute d’une stèle et d’indices matériels et en raison d’un faible échantillon de tombes, il n’avait toutefois pas été possible à l’époque d’apporter de preuves formelles sur l’attribution de l’espace funéraire aux juifs de la ville. L’objectif de ces nouvelles campagnes de fouilles était donc de confirmer le lien de ce cimetière avec la communauté juive castelroussine, étudier son organisation par l’acquisition d’un plus grand nombre de sépultures, analyser les pratiques funéraires associées aux défunts, déterminer la composition de la population inhumée (âges, sexes, état sanitaire …) et préciser la date d’utilisation du cimetière.
La plus vaste collection de sépultures issue d’un cimetière juif médiéval en France
Les campagnes de fouilles ont permis de mettre au jour 46 nouvelles tombes datées entre les XIIe et XIVe siècle et contenant majoritairement des adultes ou grands adolescents inhumés en cercueil. Les interventions de terrain ont révélé que les fosses sépulcrales étaient organisées en rangées parallèles au sein desquelles les inhumations (ouest-est) étaient pratiquées de façon très proche (peu de recoupements). Cette disposition traduit une gestion rigoureuse de l’espace funéraire et implique la présence d’une signalisation de surface (stèles de pierre probables, non retrouvées à la fouille).
Si l’on ajoute les dix sépultures fouillées en 1997, il s’agit désormais de la plus importante collection issue d’un cimetière juif médiéval en France. L’étude et l’analyse des données permettront des comparaisons avec les autres rares exemples français et européens. À terme, l’espoir est de pouvoir livrer aux archéologues des clés de reconnaissance de ces espaces funéraires lors des diagnostics préventifs en indiquant les éléments qui permettent d’identifier les principales caractéristiques des cimetières juifs médiévaux. L’étude des pratiques funéraires permettrait ainsi de distinguer les cimetières juifs, chrétiens et éventuellement musulmans (Péninsule ibérique par exemple).
L’ensemble des restes osseux seront ré-inhumés au sein d’un caveau dans le carré israélite du cimetière de Châteauroux où sont déjà présents les squelettes fouillés en 1997.
En Israel nous protegeons toutes les scepultures
Une telle destruction aura de graves consequences
Normalement les Juifs sont enterrés recouverts d’un linceul et, sauf si la réglementation locale l’impose, sans cercueil. La présence de cercueils semble presenter un problème.
Très intéressant