De grandes sections de la Torah sont consacrées à la construction, l’équipement et le fonctionnement du « Mishkan » le temple portable du désert, qui, selon le récit des textes finirait par se reposer dans le temple de Jérusalem construit par le roi Salomon.
Ce qui est en jeu dans ces récits n’est pas une simple information sur l’architecture, pas même le fonctionnement du culte, mais un effort théologique au cœur des différentes compréhensions de la participation de Dieu dans les affaires humaines.
Le professeur de philosophie et des études judaïques à l’Université de Washington, St. Louis, Steven Schwarzschild a écrit: « Peut-être que le problème le plus fondamental et important de toute la théologie est la relation entre le Dieu transcendant et le monde. » C’est la question abordée par le Mishkan dans le désert et le Temple de Jérusalem. Si à un moment cela avait pu être une affaire « académique », ça ne l’est plus.
En Israël aujourd’hui, il y a environ 27 organisations concentrées sur ce qu’Aviad Visoli, membre des organisations Mont du Temple décrit comme la prise de conscience par certains juifs que le Mur Occidental ne suffit pas, et qu’ils veulent le « vrai temple« .
Comme l’historien israélien Gershom Gorenberg le souligne : « Quand le messianisme est dans l’air, le Temple et les sacrifices deviennent des questions pratiques. »
Ainsi, si une grande partie de l’attention sur le sujet de la reconstruction du Temple et de la réintégration des sacrifices a été circonscrite à l’aspect politique, éventuellement, la politique cédera à l’inévitable question idéologique : le Temple de Jérusalem doit-il être reconstruit ? Ce qui en substance pose, la question à la racine de tout souci théologique : où est Dieu?
Ceux qui soutiennent sans doute, non pas un point de vue politique, mais une position strictement théologique, en faveur de la reconstruction du temple de Jérusalem, le font sur la base de la lecture d’Exode 25:8 : « Ils me feront un sanctuaire, et j’habiterai au milieu d’eux. »
Des organisations telles comme « Le Mouvement pour l’établissement du Mont du Temple, » interprètent ce verset de la littérature fondationale comme un commandement religieux non circonscrit à l’époque où il a été écrit, mais valable pour tous les temps.
Une étude de 2002 commandée par le Centre d’action religieux du mouvement réformiste en Israël a demandé au public : « Êtes-vous pour la construction du troisième Temple? » 53 pour cent ont répondus par l’affirmative et 37 pour cent par la négative.
D’un point de vue juridique religieux le chercheur biblique Richard Friedman souligne que : « Dieu n’ordonne jamais à Moïse de dire aux gens de construire un temple lorsqu’ils arrivent en terre promise. Il n’y a aucune loi qui exige la présence d’un temple ». Le professeur Friedman fait la distinction importante entre ce qui est commandé aux prêtres, l’arche, l’autel, des chérubins, urim et thummim, et d’autres instruments sacrés, mais il n’y a « pas une seule référence à un Temple« .
L’historien Salo W. Baron a noté que : « Le Temple, jamais, pas même pendant les règnes de Josias et la période des premiers Macchabées, n’a exercé une telle influence dans l’histoire nationale comme il l’a fait après avoir été détruit, quand il est devenu un souvenir et un idéal« .
Et puis, il y a le livre 2 de Samuel, chapitre 7 versets 5-7 : « Va dire à mon serviteur, à David: Ainsi a parlé l’Éternel: Quoi! Tu veux m’ériger un temple pour ma résidence? Pourtant je n’ai point demeuré dans un temple, depuis le jour où je tirai de l’Egypte les enfants d’Israël jusqu’à ce jour, mais j’ai voyagé sous une tente, dans un pavillon. Tout le temps que j’ai marché au milieu des enfants d’Israël, ai-je dit à un seul homme entre les tribus d’Israël, à ceux que j’ai donnés pour pasteurs à mon peuple Israël, ai-je dit: « Pourquoi ne me bâtissez-vous pas une maison de cèdre? » »
Moshe Pitchon