Disparu en 2013, Henri Tibi est une vedette en Tunisie. Yassine Redissi a décidé de faire un film de ce parcours étonnant. « Pour faire revivre celui qui prônait le vivre-ensemble entre juifs, chrétiens et musulmans. »
A Besançon, nombreux sont encore ceux qui se souviennent d’ Henri Tibi, le chanteur de rue décédé en 2013. Certains évoquent avec nostalgie, son panneau « À chacun sa traversée du désert ». D’autres insistent sur cette voix chaude, hors du commun, qui reprenait les mots de Brassens ou Ferré. Ce qui est moins connu, c’est qu’Henri Tibi dans sa jeunesse fut une grande vedette en Tunisie. Figure du quartier de la Goulette à Tunis, il était adulé par la communauté juive. Il fut également l’un des symboles chantant de vivre ensemble, juifs, musulmans, chrétiens, à une certaine époque.
Il était aussi un pongiste de talent, dès le développement de ce sport en Tunisie, quand les épreuves se déroulaient à la salle Zitouna sur l’avenue Gambetta ou à la salle de la Compagnie du gaz. Il commence à pratiquer ce sport au sein de l’Alliance sportive, avant de rejoindre d’autres clubs et d’atteindre un palmarès fabuleux : 8 fois champion de Tunisie!!
La jeunesse tunisienne s’est inspirée de son répertoire
Henri Tibi n’est plus. Mais son histoire fascine. Mieux, une certaine jeunesse tunisienne reprend son répertoire, va puiser dans l’insouciance des années Tibi. C’est le cas de Yassine Redissi, journaliste et cinéaste, qui réalise un film – documentaire sur Henri Tibi. Yassine Redissi était cette semaine dans la capitale comtoise pour parler des années bisontines d’Henri Tibi. « J’étais déjà venu en 2016 pour faire des repérages », témoigne le réalisateur.
« Depuis, je n’ai pas arrêté les investigations. Chaque personnage que j’ai rencontré m’envoyait vers un autre personnage, ce qui m’a permis de reconstituer toutes les pièces du puzzle Henri Tibi. »
Yassine Redissi n’a pas réussi à trouver des fonds pour financer ce film. « J’ai donc décidé de le faire tout seul. » Pourquoi ? Il y a la promesse donnée à Henri Tibi. Mais il y a une autre raison. « Henri Tibi a été une star pour la communauté juive tunisienne. Mais il était méconnu des autres. Je voudrais faire ce film pour le diffuser en Tunisie, montrer qui était cet homme d’amour, qui prônait le vivre ensemble. » Yassine Redissi n’est pas le seul. Il y a toute une jeunesse qui marche sur les pas d’Henri Tibi et s’inspire de sa discographie. Parmi eux, Slim Ben Ammar, originaire de la Goulette également, qui reprend l’œuvre. Slim Ben Ammar était à Besançon également cette semaine pour marcher sur les traces du maître.
« Il nous reste quelques mois de tournage », conclut Yassine Redissi. Le film devrait être finalisé fin 2020. « Nous ferons bien sûr une projection à Besançon. » Rendez-vous est donné.