Le rapport 2020 du think tank Eurispes met en évidence des chiffres inquiétants concernant le conspirationnisme antisémite et la prévalence du négationnisme dans la population italienne qui aurait été multiplié par cinq en 15 ans.
Les réponses à ces questions varient selon les sympathies partisanes. Ainsi, l’assertion selon laquelle « les Juifs contrôlent l’économie et la finance » est tenue pour vraie par 33% des électeurs du centre-droit et 31% des électeurs de droite, mais seulement par 8% des électeurs du centre. Celle selon laquelle « les Juifs contrôlent les médias » est approuvée par 30% des électeurs de droite et 30% des électeurs du centre-droit et seulement 7% des électeurs du centre. Enfin, ce sont les électeurs du Mouvement 5-Étoiles (M5S), de Beppe Grillo, qui sont les plus nombreux (33%) à considérer que « les Juifs déterminent les choix politiques des États-Unis. »Eurispes, un institut privé basé à Rome, a publié récemment son rapport 2020. 12 pages y sont consacrées à la question de l’antisémitisme en Italie, sur la base d’une enquête d’opinion réalisée entre décembre 2019 et janvier 2020. L’étude montre que près de 24% des Italiens approuvent l’affirmation selon laquelle « les Juifs contrôlent le pouvoir économique et financier », tandis que 22% sont d’accord avec l’idée que « les Juifs contrôlent les médias » et que 26% considèrent que « les Juifs déterminent les choix politiques des États-Unis. »
15% des Italiens sont en outre d’accord avec l’assertion selon laquelle « la Shoah n’a jamais eu lieu ». Ce chiffre était de moins de 3% en 2004. Il aurait ainsi été multiplié par cinq en 15 ans. Il faut aussi noter que cet énoncé négationniste recueille l’approbation de 26% des Italiens non diplômés, de 23% des électeurs du centre-gauche et de 18% des électeurs du M5S. C’est parmi ces derniers que l’on compte le plus grand nombre de ceux qui sont « tout à fait d’accord » avec l’idée que le génocide des Juifs est un mythe (8%).
Une autre forme de négationnisme consiste à minimiser le chiffre réel des victimes de la Shoah. 16% des Italiens pensent que celui-ci est « moins élevé qu’on le dit » (ils n’étaient que 11% en 2004). Ils sont 23% chez les électeurs de gauche, 23% chez les électeurs du centre, et 9% chez les électeurs de droite.
L’enquête d’Eurispes révèle par ailleurs que près de 62% des Italiens considèrent que les récents épisodes antisémites qui ont marqué leur pays sont des cas isolés qui ne reflètent pas l’existence d’un véritable problème d’antisémitisme. Un chiffre à peu près égal d’Italiens (près de 61%) pensent que ces événements sont la conséquence de la banalisation du racisme et des discours de haine. 47% d’entre eux pensent que ces cas d’antisémitisme témoignent d’un dangereux retour de l’antisémitisme en Italie et 37% qu’il ne s’agit que de provocations médiatiques ou de mauvaises blagues. A noter que les 18-24 ans sont moins enclins que les autres tranches d’âge à juger ces épisodes comme des cas isolés. Contrairement aux autres tranches d’âge, ils sont majoritaires à y voir un retour préoccupant de l’antisémitisme.