Radio Judaïca Lyon (RJL), installée dans l’espace Hillel, boulevard Vivier-Merle (Lyon 3e), en plein cœur du quartier Part-Dieu, doit quitter ses locaux le 31 mars.
La radio est en conflit avec l’institution centrale de la communauté des Juifs de France, le Fond Social Juif Unifié (FSJU), qui a annoncé en juin dernier la vente du bâtiment construit en 2008.
En plus des locaux de RJL, l’espace Hillel accueille, entre autres, les sièges du Crif, du FSJU et de l’Appel Unifié Juif de France (AUJF) qui soutient l’action du FSJU au niveau local, ainsi que des activités lucratives grâce à un grand auditorium et une salle polyvalente. À court terme, la radio ainsi que ces activités culturelles semblent vouées à disparaître.
Un espace « sous-exploité »
Pour Viviane Eskenazi, la décision de vendre le bâtiment a été prise pour « des raisons budgétaires ». La déléguée régionale de l’AUJF décrit un « espace sous exploité » et une volonté du FSJU de se concentrer sur ses missions sociales. « Nous aurions aimé conserver l’espace Hillel, mais avec l’augmentation des besoins sociaux il faut penser à toutes les missions ». En cause notamment, des frais de structures liés au bâtiment que le FSJU ne serait plus en mesure d’assumer.
Alors que le bâtiment se situe sur un emplacement convoité, dans un quartier en pleine restructuration qui souhaite concurrencer La Défense à Paris, le FSJU se défend de chercher à faire du bénéfice sur la vente du bâtiment : « L’argent de la vente vient financer la nouvelle acquisition du FSJU dans le 6e arrondissement de Lyon et le financement de nos programmes sociaux et culturels ».
Disparition d’un « bâtiment vitrine de la communauté juive »
Si les sièges des associations déménagent dans de nouveaux locaux, ce n’est pour l’instant pas le cas des activités culturelles de l’espace Hillel. Le président de RJL Richard Benitah déplore la disparition d’un « bâtiment vitrine de la communauté juive » et doute des raisons financières avancées par les propriétaires du bâtiment. « Il y avait beaucoup de demandes, des activités régulièrement. C’est un centre culturel, la perte d’un tel endroit est regrettable et on ne peut pas résonner en termes de rentabilité ».
Le dialogue est rétabli entre Richard Benitah et le FSJU mais le président de la radio, amer, dénonce un « manque de concertation » qui « crée du ressentiment et du doute » alors que la décision de vendre le bâtiment a été prise sans communication avec les locataires. Une mauvaise surprise pour le président de la radio qui s’est installé dans l’espace Hillel en 2008 « à la demande du FSJU » en ayant « la garantie que le bâtiment ne devait jamais être vendu ».
Une « Association pour la sauvegarde de l’espace Hillel » a été créée en juillet afin de lutter avec ses 250 membres contre la disparition des activités culturelles, tandis que le président de la radio, qui compte près de 40 000 auditeurs par jour, multiplie en vain les recours. « On ne peut pas laisser les choses en l’état. J’ai alerté la métropole, la ville, le préfet mais ils ne peuvent rien contre la vente du bâtiment ».
Avenir incertain
À un mois de la fermeture, le FSJU n’a pas présenté de projet afin de reprendre les activités culturelles de l’espace Hillel qui ont cessé depuis le 31 décembre dernier. Un nouveau local a toutefois été proposé à RJL. Plus petit que celui dont la radio dispose actuellement, la proposition est jugée « peu convaincante et pas sérieuse » par Richard Benitah qui affirme avoir reçu la promesse d’être relocalisé à l’identique.
À la difficulté de trouver un nouveau local s’ajoute le problème du coût du déménagement. Estimé à 80 000 euros par Richard Benitah, le FSJU a d’abord proposé une prise en charge à hauteur de 15 000 euros, ce qui serait insuffisant pour couvrir l’intégralité des frais. Entre la difficulté à trouver un nouveau local et le coût de déménagement, l’avenir de la radio est menacé. « On ne veut pas disparaître, mais on est coincé par une date butoir qui approche et les coûts considérables du déménagement que l’on ne peut pas assumer », regrette le président de la radio.
La justice saisie
Richard Benitah a d’ores et déjà exprimé son refus de s’installer dans les nouveaux locaux du 6ème arrondissement. À la recherche d’un nouvel emplacement, il espère toutefois pouvoir trouver un accord de dédommagement avec le FSJU. Viviane Eskenazi, de son côté, parle d’un « dialogue constructif » avec RJL.
L’issue sera cependant contentieuse puisque l’Association pour la sauvegarde de l’espace Hillel vient d’assigner le Fonds social juif unifié et la SCI Rachi, porteuse du projet, devant le tribunal judiciaire de Paris afin de contester le projet de cession du Centre culturel juif de Lyon.