Sauf quand on parle dans un sens purement biologique nous sommes ce que nous nous souvenons d’être. La mémoire est au centre de la question « qui suis-je ? L’amnésie totale est, en fait, une perte totale de soi.
Lorsque nous voulons nous comprendre, nous recherchons notre mémoire pour trouver ce qui a le plus de valeur dans notre vie.
L’acte de mémoire n’est pas une simple réflexion intérieure, il implique d’agir en conséquence. Parce que la mémoire est très sélective, le passé dont nous choisissons de nous souvenir détermine non seulement notre présent mais aussi notre avenir. Dit d’une autre façon, ce qu’un individu cherche à devenir détermine ce dont il se souvient.
« Ce n’est pas un hasard » – a écrit le professeur Leo L. Honor du Dropsie College, « que tant de dispositions humaines de la Torah soient couplées avec le refrain : Et tu te souviendras que tu étais esclave au pays d’Égypte. Le peuple juif n’aurait pas pu être enjoint d’aimer l’étranger, à moins qu’il n’y ait eu un effort conscient et délibéré pour garder les souvenirs de son expérience significative ».
La Torah a plus à dire sur le traitement approprié des étrangers que sur tout autre ensemble de lois. Comme le souligne le Talmud, la Torah nous met en garde concernant notre comportement envers un étranger pas moins de trente-six fois ! Aucune autre mizvah, pas même les commandements d’aimer Dieu, de respecter le sabbat, la circoncision ou de s’abstenir de nourriture interdite n’est si souvent mentionnée.
La façon dont la Torah traite l’étranger dit quelque chose de très important sur le cœur d’Israël et du Dieu qui a donné ces règles. «Mais aussi garde-toi, et évite avec soin, pour ton salut, d’oublier les événements dont tes yeux furent témoins, de les laisser échapper de ta pensée, à aucun moment de ton existence! Fais-les connaître à tes enfants et aux enfants de tes enfants» (Devarim 4 : 9)
« Le discours d’adieu de Moïse, sa dernière leçon », a ajouté le professeur L.L. Honor, «peut être résumé ainsi: Souvenez-vous de ce que vous avez vécu et vous vivrez votre vie nationale en fonction de la Torah que je vous ai enseignée. Oubliez, et vous serez Kehol-ha-goyim [comme n’importe quel autre peuple] ».
Moshe Pitchon