Emmanuel Macron clôturait hier une séquence mémorielle intense autour de la mémoire de la Shoah à l’occasion du 75ème anniversaire de la libération du camp d’extermination nazi d’Auschwitz.
A Jérusalem puis dans l’avion du retour le 23 janvier, puis devant le nouveau Mur des noms du Mémorial de la Shoah à Paris, sans oublier Edouard Philippe à Auschwitz, le 27 janvier, Emmanuel Macron a frappé fort pour marquer de son empreinte la mémoire française, et ceci avec flamboyance et solennité : recueillement (prière ?) devant le mur des lamentations, ce que jamais un chef d’Etat français en exercice n’avait fait, des mots prononcés en yiddish, fait unique également, les symboles de cette semaine marqueront le quinquennat d’Emmanuel Macron.
La dénonciation de l’antisémitisme fut évidemment une constante de cette séquence mémorielle. Après avoir déjà dénoncé un « nouvel antisémitisme », à Jérusalem, le chef de l’Etat a été clair et précis à Paris le 27 janvier : « qui, aujourd’hui, ne voit l’insupportable regain de l’antisémitisme qui rampe dans notre Europe, dans notre pays ? Qui ne voit ce mal souterrain progresser, qu’il porte son visage de toujours ou qu’il emprunte les masques nouveaux de la haine islamiste, de l’antisionisme ?».
Ces paroles clé de cette semaine mémorielle suffiront-elles à lever un non-dit ou un mal-dit de la parole publique de l’Etat et de bon nombre d’acteurs publics en France, médias inclus ?
Certes, Emmanuel Macron admet que la bête immonde de l’antisémitisme s’est réveillée, et qu’il convient de la combattre car selon le Président, il est le problème de tous et non celui des Juifs. Il est vrai que le mauvais sort fait aux Juifs a souvent annoncé des lendemains qui déchantent, comme s’ils étaient un baromètre de l’état de la démocratie et de la société.
Certes, l’antisémitisme d’extrême droite n’a jamais disparu. Il se réveille, notamment en Alsace, où se multiplient les profanations de cimetières. Nous ne le dirons jamais assez : ceux qui entonnent « on est chez nous » dans les meetings de Marine Le Pen n’incluent pas les Juifs, Arabes, ou Noirs dans leur « nous ». Éric Zemmour ferait bien de méditer quel aurait été son sort sous le régime de Vichy dont il vante parfois certains mérites.
Mais aujourd’hui, l’antisémitisme est principalement d’essence gauchiste et islamiste, parfois menaçant, agressif, violent à l’égard des personnes, enfants compris. À l’extrême gauche, où le clientélisme électoral est évident, l’antisémitisme et le complotisme, de moins en moins dissimulés derrière l’antisionisme, se répandent, malgré les dénégations des Mélenchon et autre Besancenot.
La réalité est que le racisme qui gangrène le plus la société française, c’est l’antisémitisme. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le ministère de l’Intérieur vient de rendre publiques les statistiques des actes racistes et xénophobes en 2019 : il a recensé 687 faits antisémites, 1052 faits antichrétiens et 154 faits antimusulmans. Or il y a au moins dix à quinze fois plus de musulmans que de juifs en France et dix à quinze fois plus de chrétiens que de musulmans. On imagine donc la pression que subissent les juifs aujourd’hui !
Qui peut encore contester la principale source de l’antisémitisme actuel ? Or les islamistes qui, malheureusement, ont le vent en poupe jusqu’au sommet du CFCM, prétendent (en forme de diversion ?) que les musulmans sont victimes d’un racisme généralisé, voire d’un racisme d’État.
Les juifs fuient les quartiers où ils étaient majoritaires, non pas par racisme, mais pour échapper aux agressions et aspirer à une vie normale. Pourtant, l’islam politique ne cesse de se victimiser, allant jusqu’à organiser, avec le concours de l’extrême gauche autoproclamée « antiraciste », des manifestations contre une islamophobie fantasmée, alors que notre critique est focalisée sur l’islam radical, politique, extrémiste, et non sur la majorité des Français musulmans qui ne rejettent pas la République (même si la moitié des jeunes musulmans privilégient la charia).
Emmanuel Macron prépare peut-être son grand discours sur la laïcité (il prétend l’avoir déjà fait vingt fois déjà), attendu depuis longtemps. Les récentes déclarations de Sibeth Ndiaye à l’issue du conseil des ministres du 6 janvier, laissent augurer que le souci de ne pas stigmatiser les musulmans l’emportera sur toute autre considération, alors que les non-dits alimentent les amalgames et donc la stigmatisation.
S’agissant de l’antisémitisme, les commémorations de la Shoah devaient viser à aider à dénoncer celui qui sévit actuellement.
Même un membre des Frères musulmans ou des Indigènes de la République jurera la main sur le cœur et la larme à l’œil qu’il n’est pas antisémite, tout comme il cherchait à convaincre qu’un Musulman était bien trop gentil et humaniste pour être responsable d’un drame comme le 11 septembre. Par contre, dans l’esprit de ces gens-là, les juifs…
Michel Taube