Maintes fois annoncée, puis reportée pour des raisons de « calendrier », la première visite officielle du président de la République française en Israël est désormais fixée au 23 Janvier prochain.
Elle aura lieu dans le cadre du 5e Forum sur la Shoah organisé en coopération avec Yad Vashem, où prendront part à Jérusalem les grands de ce monde. Ainsi, à l’occasion du 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz, se tiendront au côté d’Emmanuel Macron les présidents allemand, italien et autrichien afin de : « se souvenir de la Shoah et lutter contre l’antisémitisme ».
Une initiative de la Fondation pour le Forum international sur la Shoah, dirigée par Moshé Kantor, précisément pour « donner aux dirigeants du monde entier l’opportunité unique de s’opposer et de dire stop à l’antisémitisme, à l’intolérance et au racisme, et de mettre fin à la haine ». Notamment dans un contexte de recrudescence d’actes violents. Programmé cette année à Jérusalem après s’être déroulé précédemment à Auschwitz, Babi Yar et Terezin, ce 5e forum se déroulera sous la supervision du président de l’Etat d’Israël, Reuven Rivlin auquel Emmanuel Macron confiait en Janvier dernier lors de sa venue à Paris : « Il faut se rappeler non seulement de ceux qui furent les victimes de cette machine de mort, mais aussi de ceux qui, dans ces ténèbres, ont su faire prévaloir des valeurs d’humanité, de fraternité. » De fait, il faudra attendre presque 3 ans après son élection à la tête de l’Etat français pour qu’Emmanuel Macron revienne enfin en Israël, en tant que président de la République.
Sa dernière visite datant de septembre 2015 à l’époque où il était encore « simple » ministre de l’Economie au sein du gouvernement Hollande et ne tarissait pas d’éloges au sujet de la Start-up Nation, notamment lors du festival de l’innovation et du numérique de Tel-Aviv, en compagnie d’une centaine de chefs d’entreprises français. Depuis, une certaine distance semble prévaloir. C’est, en tous cas, le sentiment que le président français avait pu donner aux responsables communautaires et à certains responsables israéliens. Sentiment renforcé par l’annulation de deux visites officielles, l’une prévue en Mai 2018 et la seconde en Novembre 2018. Beaucoup estimaient alors que le président français refusait d’afficher une éventuelle proximité, notamment dans des moments de tensions importantes à la frontière avec la bande de Gaza, ou encore en périodes électorales… devenues il est vrai de plus en plus fréquentes en Israël. Toutefois, les relations franco-israéliennes se sont toujours bien portées, en témoignent trois visites officielles dans le sens inverse, deux du Premier ministre Nétanyaou à Paris, et une plus récente du président Rivlin, reçu avec tous les honneurs à l’Elysée.
La promesse de se rendre en Israël est donc toujours restée d’actualité. Alors que le Premier ministre israélien Binyamin Nétanyaou avait fait le déplacement en Juin 2018 pour le lancement de la saison croisée France-Israël, véritable foisonnement culturel avec des centaines d’événements présentés dans les deux pays, Emmanuel Macron lui avait alors déclaré : « Laissez-moi vous redire tout le plaisir que j’ai à nouveau à vous accueillir à Paris, avant de me rendre chez vous dans les mois qui viennent, car c’est l’engagement que j’ai pris, et vous dire combien la relation historique stratégique est importante pour notre pays ». C’est dire si la prochaine visite du président Macron est attendue en Israël. Pas étonnant qu’elle se fasse dans le cadre solennel et consensuel du forum sur la Shoah. Un domaine dans lequel le président français a toujours répondu présent. Redoublant d’efforts lorsqu’il s’agit de renforcer l’enseignement de la Shoah, comme par exemple avec le développement annoncé récemment du Mémorial de la Shoah à Paris.
Enfin, selon le communiqué des organisateurs de cette journée exceptionnelle: « l’antisémitisme n’a pas sa place dans notre société mondiale (…) À mesure que la Shoah s’éloigne dans le temps, son souvenir et ses leçons s’oublient. « Plus jamais » n’est pas une simple formule rhétorique, c’est aussi un plan d’action, un appel à protéger l’avenir tout en nous souvenant du passé (…) L’événement se déroulera alors que le monde assiste à une montée d’expressions antisémites toujours plus haineuses et violentes, en particulier en Europe. Face à cette situation alarmante, les efforts entrepris pour sensibiliser le public aux dangers de l’antisémitisme, du racisme et de la xénophobie et à encourager la commémoration et la recherche sur la Shoah, rendent cet événement plus crucial et plus pertinent que jamais. » Un rendez-vous que le président de la République française, plus que quiconque peut être, dans cette période trouble, ne devrait pas manquer.
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