Santé publique France publie son premier bulletin épidémiologique de l’année. L’institution pointe les troubles causés par une exposition précoce aux écrans.
Télévision, ordinateur, smartphone, tablette… Les enfants naissent souvent dans un environnement hyperconnecté. Aujourd’hui, l’Organisation mondiale de la santé recommande de bannir toutes formes d’écrans pour les moins de 2 ans et de limiter au maximum leur utilisation pour les enfants entre 2 et 5 ans. Un moyen de lutter contre les conséquences néfastes de cette exposition précoce. Sédentarité, obésité, troubles du sommeil, troubles psychomoteurs et troubles cognitifs, autant de comportements induits par la passivité des écrans chez les plus petits.
Dans son premier bulletin épidémiologique de l’année, paru mardi 14 janvier, Santé publique France rapporte une étude faisant le lien entre l’exposition des enfants aux écrans et l’apparition de troubles du langage. Cette étude a été réalisée à partir de cas et de témoins d’école installés en Ille-et-Vilaine. Pour ce travail de recherche, des cas et des témoins ont été sélectionnés. Ainsi, les premiers bénéficiaient d’un suivi orthophonique pour des troubles du langage, mais pas les seconds. Les chercheurs ont donc mis en relation le temps passé devant les écrans le matin avant d’aller à l’école avec la fréquence d’apparition des troubles.
Trouble du langage primaire
Résultat ? Ceux qui étaient exposés aux écrans le matin ont trois fois plus de risques de développer des troubles primaires du langage. Un risque associé au fait de ne pas échanger avec ses parents sur le contenu des programmes. En effet, les enfants qui ne discutaient pas des scènes vues sur les écrans avec les parents multipliaient par six leur risque de développer des troubles primaires du langage.
Ces enfants souffrent, par exemple, de dysphasie. Ce trouble se caractérise par une absence de langage puis par l’apparition d’un langage avec un champ lexical restreint. Certains enfants peuvent également avoir du mal à comprendre les consignes ou s’exprimer avec des phrases incomplètes. Des difficultés qui pourront être corrigées avec le suivi d’un orthophoniste. En janvier 2019, des professionnels de la santé infantile s’inquiétaient de l’exposition des troubles cognitifs chez les petits dans une tribune publiée dans Le Monde.
La règle du 3-6-9-12
« L’exposition des très jeunes enfants aux écrans (télévision, smartphone, tablette…) entraîne des risques pour le développement et la santé physique », alertait par exemple la ministre de la Santé Agnès Buzyn, à l’occasion des 10 ans de la campagne du CSA visant à bannir les écrans pour les moins de 3 ans. Pourtant, la consigne est claire. La règle du 3-6-9-12 édictée par le psychiatre Serge Tisseron permet de fixer des repères d’introduction des écrans dans la vie des enfants. Ainsi, il est recommandé de ne pas utiliser de télévision avant 3 ans. Avant cet âge, l’enfant a exclusivement besoin d’interagir avec son environnement en faisant appel à ses cinq sens. Bien loin de la passivité engendrée par la télévision. Aucun programme n’est réellement adapté à ce jeune âge.
À bannir également les écrans dans une pièce où se trouvent les enfants, même s’ils ne semblent pas y prêter attention. De plus, la règle du 3-6-9-12 préconise l’absence de console personnelle avant l’âge de 6 ans. Enfin, il est recommandé d’autoriser un accès à Internet après 9 ans et aux réseaux sociaux après 12 ans. Comme le résume Serge Tisseron, « les écrans ne nous menacent pas. C’est leur mauvais usage qui nous menace ».
Par Johanna Amselem