Je déteste autant l’extrême droite que l’extrême gauche, Le Pen que Mélenchon, qui les uns comme les autres, et quels que soient les pipeaux qu’ils déblatèrent, ne nous aiment pas non plus.
Ça fait des années que je ne comprends pas comment Hanouna survit dans le PAF français : grossièreté, vulgarité et opportunisme, c’est tout ce que je vois dans ses émissions, qui caressent dans le sens du poil et à tour de rôle tous les publics assez cons pour le regarder.
Je me fous comme de l’an quarante de tous les bad buzz qu’il a provoqués pour jouir de l’audimat : les médias le relayant, ce n’est pas très difficile. Je sais que je « ne comprends pas », et ce sont mes propres enfants qui le disent : bourreau de travail ne veut pas dire forcément talentueux. Il surfe par contre talentueusement sur la vague du mauvais goût ambiant.
J’avais donc décidé de l’ignorer en tant que sujet, mais là trop c’est trop. Il se fout de la gueule des juifs, et tout le monde marche, ça fout juste la gerbe
Episode 1 : lèche-babouche à Le Pen
En mars 2019, on apprend avec stupeur qu’Hanouna va donner la parole à cet antisémite notoire, à celui qui considère les chambres à gaz comme « un détail » de l’histoire, j’ai nommé, un pourri parmi les pourris, Jean Marie Le Pen.
Serait-ce pour lui donner une leçon de morale, pour tenter de mettre en lumière combien ses « changements » ne sont que de la poudre aux yeux? Que nenni!! C’était un cirage de pompes à gerber, ou comme l’écrit Marianne dans cet excellent article : « en lieu et place de la joute annoncée, c’est bien à un numéro incroyable de complaisance que s’est livré Cyril Hanouna avec le fondateur du FN, qui n’aurait pu rêver mieux que cette entreprise de dédiabolisation à destination des jeunes générations. »
Il faut lire et relire cet interview scandaleux où les propos racistes sont esquivés, où l’on ferme les yeux sur tout ce qui pique et où l’on finit par se congratuler pour avoir pu présenter la face ignorée par tout un public, celle du « gentil » Le Pen, qui n’a jamais renié son antisémitisme, ni son négationnisme, suffit d’éviter de s’attarder sur les questions qui fâchent.
Pendant cet interview, Hanouna s’est juste couvert de honte, et a pu laisser croire aux juifs fans de Marine, qu’ils étaient OK!!!
Episode 2 : indignation contre l’antisémitisme de Garrido
La semaine dernière, Hanouna semble vouloir se racheter une vertu. Lors d’un débat agité auquel participait Yacine Bellatar (on se demande d’ailleurs ce que ce mec fout encore sur les plateaux TV, mais ce n’est pas le sujet), tout a dérapé.
Quand Laurence Sailliet parlant de Jean-Michel Blanquer lui demande «S’il avait dit « pas de kippa en sortie scolaire », est-ce que vous auriez démissionné ?», c’est Garrido qui répond à l’emporte pièce « S’il avait dit ça, il ne serait plus ministre« .
Et la début du cirque, voila Hanouna qui nous joue le grand adversaire des antisémites, accusant Garrido d’avoir pensé à un lobby juif qui l’aurait fait démissionner dans ce cas, et donc d’antisémitisme « Ce que vous êtes en train de dire insidieusement, c’est qu’il aurait été sorti du gouvernement parce qu’il y a un lobby ».
Et la c’est le grand numéro d’adversaire farouche de l’antisémitisme, qui ne supporte même pas ce qui n’a pas été dit, mais est sous-entendu dans les propos de son interlocutrice. Et tout un tas de gens (et presque tous les juifs qui avaient bien fermé leur gueule précédemment) se répandent en commentaires louangeurs : le combat contre l’antisémitisme à un nouveau porte-parole de choix.
Conclusion
Cette recherche effrénée du buzz, bad buzz bien souvent, s’adresse au public avide de provoc, et cherche à établir une audience de décérébrés qui couvre tous les extrêmes : peu importe si hier il a dit noir, aujourd’hui il dit blanc, et ça me suffit. C’est nul, ça s’adresse à un public de nuls, et je me demande ce que fait ce bouffon à la télé à part flatter ce qu’il y a de pire dans son public. Je répète et ne cesserai pas de répéter que pour moi l’extrême droite et l’extrême gauche ne sont pas nos amis, et imaginer qu’ils le deviennent en nous caressant le poil sur un sujet sensible, c’est juste débile.
Line Tubiana