L’Egypte a inauguré vendredi une synagogue du 14e siècle tout juste restaurée à Alexandrie (nord), un chantier de trois ans de plusieurs millions d’euros dans ce pays à majorité musulmane.
La synagogue Eliyahou Hanavi, construite en 1354 avant d’être bombardée par Napoléon Bonaparte en 1798 lors de sa campagne d’Egypte, avait déjà été reconstruite par un architecte italien en 1850, avec de larges colonnes en marbre rose et des vitres teintes en vert et violet.
Le ministère égyptien des Antiquités a mené de vastes travaux de rénovation pour environ 3,6 millions d’euros depuis 2016, date à laquelle le toit et l’escalier de ce bâtiment historique s’étaient écroulés, suite à des dégâts des eaux..
Sous sa longue voûte en arcades, Yolande Mizrahi, une habitante d’Alexandrie de confession juive, se félicite de découvrir la synagogue ainsi restaurée. « S’il n’y avait pas (le président Abdel Fattah) al-Sissi, cela n’aurait jamais été fait. Beaucoup de choses ont changé depuis qu’il est au pouvoir », affirme à l’AFP cette septuagénaire.
Née à Alexandrie, elle se souvient avoir assisté à des prières dans cette synagogue, lieu de rencontre pour la communauté juive de cette ville au bord de la Méditerranée, qui a accueilli jusqu’à 40.000 juifs. Mais depuis la création d’Israël en 1948 et les tensions entre l’Etat hébreu et l’Egypte, la majorité des juifs égyptiens ont quitté le pays. Et en 2012, la synagogue a été fermée pour des raisons de sécurité après le soulèvement populaire de 2011 qui a mené à la chute du président Hosni Moubarak.
Pour Mme Mizrahi, la restauration de cette synagogue pourrait inciter des juifs égyptiens à revenir dans leur ville natale, en touristes. « J’ai des proches qui sont partis en France, en Italie et en Israël et maintenant, ils voudraient revenir pour voir la synagogue« , confie-t-elle.
Depuis 2018, M. Sissi met en avant sa volonté de restaurer les lieux de cultes pour les juifs et les chrétiens coptes. Magda Haroun, l’une des principales figures de la communauté juive d’Alexandrie, a les larmes aux yeux. « C’est une manière de reconnaître que nous avons toujours été ici et que nous avons contribué à de nombreuses choses, comme tous les Egyptiens », dit-elle, très émue.
Mais il faut se rappeler que selon The Economist, la communauté juive Egyptienne comptait à peine une vingtaine de personnes. Le second bémol, c’est l’absence des représentants d’Israël.