Le ministère de la Défense d’Israël a enfin donné son accord mercredi 1er janvier 2020 pour l’installation de centaines d’éoliennes dans le nord du pays, à proximité des frontières avec le Liban et la Syrie. Un signe que le pays va enfin accélérer sa transition énergétique ?
Le ministère de la Défense lève son veto aux fermes d’éoliennes géantes au nord d’Israël
Pour ouvrir l’année 2020, en Israël, les ministères de l’Énergie, de la Défense et des Finances, ainsi que l’Autorité de régulation de l’électricité sont enfin parvenus à un accord : ils ont officiellement autorisé l’installation de centaines d’éoliennes dans le nord du pays. Cette zone est en effet dotée de vents forts et réguliers, et est très peu densément peuplée.
Le projet d’y construire plusieurs fermes d’éoliennes de grande taille est dans les tuyaux depuis des années, mais le ministre de la Défense y mettait son veto, en grande partie à cause de la proximité avec les frontières libanaises et syriennes. Mais l’année 2019 a vu la population israélienne prendre conscience de l’urgence climatique, en descendant massivement dans la rue : le modeste objectif de 17% de renouvelables dans le mix énergétique d’Israël à horizon 2030 n’était plus adapté à la situation.
« Le ministère de la Défense accorde une grande importance à la promotion de projets d’énergies renouvelables », a ainsi déclaré le directeur général du ministère, Udi Adam. Les trois ministères concernés par l’accord vont investir 250 millions de shekels (65 millions d’euros) dans le développement de technologies s’assurant que les fermes éoliennes ne remettent pas en question la sécurité du pays.
Abandonner le charbon… mais au profit du gaz naturel
Par ailleurs, le gouvernement d’Israël a annoncé dans le courant de l’année 2019 qu’il fermerait toutes ses centrales électriques au charbon dès 2025, et non en 2030 comme initialement prévu. Cette décision est essentiellement motivée par la découverte d’importants gisements de gaz naturel au large des côtes israéliennes. Ce mardi 31 décembre, la méga-plateforme gazière Leviathan a d’ailleurs été mise en service, afin d’exploiter un gisement estimé à 605 milliards de m3 de ressources exploitables.
“Pour la première fois de son histoire, Israël est une puissance énergétique, à la fois capable de suffire à ses besoins, d’obtenir son indépendance énergétique, et d’exporter du gaz naturel vers ses voisins afin de renforcer sa position régionale”, a commenté dans un communiqué Yossi Abu, le PDG de la société israélienne Delek, membre du consortium exploitant Leviathan.
Passer du charbon au gaz naturel permet certes de réduire les émissions de CO2 mais le manque d’ambition du pays, en la matière, reste problématique. A la veille de la COP25, la position du gouvernement était toujours de se contenter de stabiliser les émissions de gaz à effet de serre du pays d’ici 2040 – ce qui, compte tenu de la forte augmentation de la population à venir, représentera une baisse de 26% des émissions par habitant. Soit un des engagements les plus timides des pays développés signataires de l’Accord de Paris.
Vers une nouvelle donne pour le solaire ?
Ce lundi 30 décembre, des scientifiques et des entrepreneurs israéliens ont d’ailleurs publié une pétition réclamant au gouvernement de renforcer fortement sa politique en faveur des renouvelables. L’appel visait avant tout le solaire, dont le potentiel, en Israël, est considérable, mais encore très largement sous-exploité, malgré quelques centrales emblématiques, notamment la tour solaire thermique d’Ashalim, dans le désert du Néguev.
Le gouvernement leur a répondu, dès le lendemain, par une bonne nouvelle sur l’éolien. En attendant peut-être d’autres annonces, dans le courant de l’année : si aussi peu de projets solaires sont en projet dans le désert du Néguev, c’est que ce territoire est partagé entre des parcs nationaux et des terrains d’entraînement pour les chars. Là encore, le frein principal est entre les mains du ministère de la Défense, qui ne voulait pas céder le moindre terrain. Mais, s’il se revendique désormais publiquement favorable aux renouvelables, la donne pourrait changer.