Selon l’Israel Democracy Institute: le processus d ‘«israélisation» dans la société haredi en Israël progresse rapidement, et ce sont les femmes haredim qui en sont responsables.
Le rapport annuel de l’Institut sur les haredim en Israël présente une image compliquée: d’une part, l’intégration des hommes haredim dans la population active et les établissements universitaires reste au point mort, mais d’autre part, le revenu par habitant dans les familles haredim a considérablement augmenté , et leur niveau de vie a donc augmenté, se traduisant par beaucoup plus de vacances en Israël et à l’étranger, une augmentation considérable de la possession de voitures, etc.
Les chercheurs Dr. Lee Cahaner et Dr. Gilad Malach déclarent: « Les processus d’intégration des ménages haredim se poursuivent, comme en témoignent à la fois l’emploi et le revenu des femmes et l’adoption partielle de caractéristiques de style de vie de la classe moyenne. Cependant, l’intégration des hommes haredim, en particulier en ce qui concerne l’emploi et les études universitaires, a été interrompue, apparemment en raison de l’absence d’incitations économiques. »
Les chercheurs font référence à l’augmentation renouvelée des paiements de l’État aux jeunes étudiants de kolel (institut d’enseignement rabbinique supérieur) et de yeshiva. Ces indemnités ont été réduites pendant la période du gouvernement Netanyahu-Lapid, mais elles ont été à nouveau augmentées sous le dernier gouvernement Netanyahu fortement dépendant des haredim.
Forte augmentation des revenus
Tout cela n’a cependant pas entravé l’amélioration continue du niveau de vie de la société haredi. En 2017, le revenu mensuel brut moyen des ménages haredim a augmenté de 10% pour dépasser 15000 shekels contre une augmentation de seulement 5% pour les ménages non haredim. Un taux d’augmentation similaire a été enregistré pour la plupart des années précédentes. Il en résulte tout d’abord une baisse substantielle du taux de pauvreté mesuré par le revenu par habitant, de 52% en 2013 à 43% en 2017. C’est toujours grave, mais la tendance à l’amélioration est drastique.
Une mesure de l’augmentation du niveau de vie est la possession d’une voiture. Au cours de la décennie précédente, un tiers seulement des familles haredim possédait une voiture. L’étude révèle qu’en 2018, le nombre était passé à 44%. La proportion de haredim titulaires d’un permis de conduire a aussi considérablement augmenté.
Les vacances sont un autre indicateur clair d’une augmentation du niveau de vie. La proportion de personnes dans la société haredi en vacances à l’étranger est passée de 12% en 2013-2014 à 17% en 2017-2018, soit une augmentation de près de 50% en seulement quatre ans. Cette augmentation s’explique par l’augmentation des revenus, la réforme Open Skies dans l’aviation israélienne, qui a fait baisser le coût des vacances, mais aussi par les changements de style de vie. Les haredim d’aujourd’hui se sentent plus à l’aise avec l’idée de prendre des vacances, s’intégrant à une culture de loisirs en Israël.
Une femme de valeur
Et à qui doit-on tous ces changements? Il y a plusieurs réponses à cette question, mais la principale est la femme haredi. Elle parvient, étonnamment, à élever le plus grand nombre d’enfants par famille en Occident (en moyenne plus de six), à améliorer son propre niveau d’éducation, à aller travailler et à gagner régulièrement des revenus, élevant ainsi le niveau de la vie de la société haredi en général.
Comment fait-elle? Tout commence par l’éducation, un slogan éculé mais vrai. La plupart des filles haredi suivent leurs études secondaires dans des séminaires religieux. La proportion d’élèves haredi féminines aux examens de bagrut (bac) est passée de 31% au cours de l’année scolaire 2008/9 à 51% en 2016/7. La proportion n’a cessé d’augmenter en raison de la demande de pouvoir travailler et d’étudier les matières essentielles du programme.
Dans l’enseignement supérieur aussi les femmes suivent leur chemin. Au cours de la dernière décennie, le nombre de haredim, hommes et femmes, étudiant pour des diplômes universitaires a augmenté de 2,5 fois, et le taux de croissance annuel est en moyenne de 12,5%. Au cours de l’année scolaire 2018/19, il y avait environ 12000 étudiants haredim dans les établissements universitaires en Israël, dont 70% (8400) femmes. Le taux de croissance des hommes a cependant ralenti. Au cours des deux dernières années, il a été de 9%, tandis que le taux de croissance des femmes haredim a été de 12%.
En conclusion le Dr Malach attribue l’augmentation du niveau de vie principalement à l’augmentation du revenu gagné chez les femmes haredim, mais aussi à un plus grand soutien de l’État et à un impôt négatif sur le revenu pour les personnes à faible revenu. Le processus d’intégration des haredim se poursuit, mais les hommes haredim sont toujours à la traîne, notamment en raison des obstacles placés sur leur chemin par les politiciens haredim, sous la forme d’un plus grand soutien de l’État et de soutiens financiers pour ceux qui ne travaillent pas. Et comme il n’y a jamais rien pour les femmes dans cette communauté, ce sont elles qui progressent posant leurs pas dans ceux de Mme Adina Bar Shalom qui leur avait ouvert la voie!!!
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