Le 3 février 2015, ce jeune homme a attaqué au couteau trois militaire à Nice, devant le consistoire israélite local. Cet attentat a été le premier, après ceux de « Charlie Hebdo » et de l’Hyper Cacher, un mois plus tôt.
L’effroi des attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l’Hyper Cacher, lors desquels dix-sept personnes étaient mortes en janvier 2015, était encore omniprésent, alors celui perpétré à Nice, sans faire de morts, moins d’un mois plus tard, n’a guère marqué les esprits, même s’il a été le premier d’une longue série. Le procès qui s’est ouvert lundi 9 décembre à Paris, devant la cour d’assises spécialement composée, ramène à ce 3 février 2015. Ce jour où Moussa Coulibaly – aucun lien avec son homonyme prénommé Amedy, auteur des attaques de Montrouge et de l’Hyper Cacher – est passé à l’acte.
L’enquête permet rapidement de retracer le parcours, dans les jours ayant précédé l’attaque, de celui qui, près de cinq ans plus tard, encourt la prison à perpétuité pour « association de malfaiteurs terroriste » et « tentatives d’assassinats ». Une semaine avant l’attentat, Moussa Coulibaly avait quitté Mantes-la-Jolie pour Nice, d’où il avait gagné la Corse en ferry, pour prendre un vol vers la Turquie – porte d’entrée en Syrie pour les candidats au djihad. Les autorités turques l’avaient refoulé à la demande de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui l’avait interrogé à son retour en France, avant de le laisser libre et sous surveillance à Nice, où il avait vagabondé plusieurs jours, jusqu’à celui des faits.
« Ça m’a pris comme ça »
En garde à vue, se revendiquant « combattant d’Allah », Moussa Coulibaly avait d’abord gardé un silence entrecoupé de paroles haineuses ou menaçantes – « Les policiers, les militaires, les juifs, vous ne serez jamais en sécurité ». Au fil de d’instruction, il avait ensuite modéré son propos et multiplié les dénégations maladroites, parlant de « tourisme » pour décrire ses voyages vers Nice, la Corse et la Turquie, contestant avoir voulu se rendre en Syrie ou tuer les militaires.
Niant tout repérage – la vidéosurveillance le montre pourtant passant trois fois en quelques minutes devant ses cibles –, il disait avoir agi tout à coup à la vue des militaires, en se souvenant soudain de versets coraniques incitant, selon lui, au passage à l’acte : « Ça m’a pris comme ça. » S’il se promenait avec deux couteaux, avait-il assuré, c’est qu’il se sentait menacé depuis une agression « islamophobe » subie par sa mère, laquelle a démenti. Il avait fini par regretter les faits.
Au premier jour d’audience, lundi, le discours a changé. Dans son box vitré, Moussa Coulibaly dresse sa silhouette longiligne, son survêtement gris et sa barbe pointue face au micro. Dans un premier temps, il se dit « pas d’accord » avec le rappel des faits lu par le président de la cour, Franck Zientara. Quelques précisions plus tard de la part de ce dernier sur les éléments qui fondent les accusations d’association de malfaiteurs terroriste – notamment l’intention d’aller en Syrie – et de tentative d’assassinats – notamment la préméditation –, Moussa Coulibaly se contredit : « Je reconnais l’intégralité des faits. »
Regard vide
Puisque des aveux ont été livrés d’emblée – et sous réserve que l’accusé, extrêmement hésitant et souvent silencieux, ne revienne pas sur sa position –, l’intérêt du procès se situera moins dans la recherche de la vérité que dans l’éclairage qu’il peut offrir sur un itinéraire de radicalisation. Comment un jeune Français à l’enfance « heureuse » est-il passé de la petite délinquance – six condamnations à des amendes ou du sursis pour des délits mineurs – à la volonté d’assassiner des militaires au nom de l’islam radical, et au souhait de voir les 8 et 9 janvier, dates de la mort des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly, devenir des jours fériés ?
Les proches de l’accusé, dont certains sont cités comme témoins, datent de 2011 ou 2012 son changement d’attitude, et l’apparition du mot « mécréant » dans son vocabulaire, mais personne ne semble pouvoir définir d’élément déclencheur. Me Serge Money, son avocat, a bien essayé de lui faire dire que la mort de son père, survenue à cette époque, pouvait être un élément d’explication, sans grand succès.
L’accusé a souvent semblé ailleurs, et particulièrement tétanisé par les questions de celui chargé d’assurer sa défense, lequel a buté sur le regard vide et le mutisme de son client. « M. Coulibaly, a demandé Me Money. Quand je viens vous voir en détention et que nous échangeons, est-ce qu’il y a des silences ?
– Non.
– Pourquoi est-ce que là, maintenant, il y a des silences ? Quelle est la différence ? » Pas de réponse. « On va essayer d’avancer, on a quelques jours pour ça », a conclu l’avocat. « On va avoir besoin de vous entendre, M. Coulibaly », a ajouté le président de la cour. Le verdict est attendu jeudi.
Je ne savais pas que des noirs haïssent les juifs aussi ! L’islam est un poison.