La chancelière allemande s’est rendue vendredi 6 décembre pour la première fois au camp d’Auschwitz, un déplacement hautement symbolique alors que l’antisémitisme resurgit dans le pays.
Visite historique. Pour la première fois, un chancelier allemand se rend à #Auschwitz Auschwitz.
La chancelière Angela Merkel a visité le camp d’extermination et rendu hommage aux millions de victimes pic.twitter.com/lMFLS4eIaa— BernardAbouaf (@abouafbernard) December 6, 2019
Angela Merkel est arrivée vendredi 6 décembre dans l’ancien camp nazi d’Auschwitz, symbole de la Shoah. il s’agit de la première visite d’un chef du gouvernement allemand depuis 1995. La chancelière allemande est accompagnée par le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, et par un survivant d’Auschwitz, Stanislaw Bartnikowski, 87 ans, ainsi que des représentants de la communauté juive.
Angela Merkel en déplacement à Auschwitz, une première https://t.co/IgasDFi8mm
— Le Monde (@lemondefr) December 6, 2019
Cette visite survient alors que l’antisémitisme resurgit en Europe et que la disparition des témoins complique la transmission de la mémoire.
60 millions d’euros pour la Fondation Auschwitz-Birkenau
A la veille de ce déplacement, Angela Merkel a annoncé l’octroi de 60 millions d’euros à la Fondation Auschwitz-Birkenau pour le maintien du site où furent assassinées quelque 1,1 million de personnes, dont un million de Juifs, entre 1940 et 1945.
German Chancellor Angela Merkel & Polish PM @MorawieckiM paid tribute to all the victims of the German Nazi Auschwitz concentration and extermination camp at the Wall of Death. pic.twitter.com/79pAmp34Ce
— Auschwitz Memorial (@AuschwitzMuseum) December 6, 2019
La chancelière, née neuf ans après la seconde guerre mondiale, effectue cette visite peu avant les commémorations du 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz par l’Armée rouge, le 27 janvier 1945.
Elle doit observer une minute de silence devant le « mur de la mort », où furent fusillés des milliers de détenus. Ensuite, elle se rendra à Birkenau, distant de 3 kilomètres du camp principal, notamment sur la rampe où étaient « sélectionnés » les déportés à leur descente des wagons à bestiaux : les plus jeunes, les plus âgés et les plus fragiles étaient immédiatement envoyés à la mort. La chancelière, pour qui la Shoah est « une rupture dans la civilisation », doit s’exprimer en milieu de journée.
La « honte » des Allemands
Angela Merkel n’est que la troisième dirigeante de gouvernement allemand à se rendre à Auschwitz, après Helmut Schmidt en 1977 et Helmut Kohl en 1989 et 1995. En quatorze ans au pouvoir, la dirigeante a multiplié les gestes forts en se rendant à Ravensbrück, Dachau, Buchenwald, et au Mémorial de l’Holocauste de Yad Vashem, à Jérusalem. Surtout, en 2008, elle fut la première chef de gouvernement allemand à prononcer un discours à la Knesset, le Parlement israélien. Elle avait répété « la honte » qui entache les Allemands.
En Allemagne, qui a fait du souvenir de la Shoah le cœur de son identité d’après-guerre, les autorités s’inquiètent d’une hausse très nette des actes antisémites. Jeudi, Mme Merkel a d’ailleurs réaffirmé que « la lutte contre l’antisémitisme et contre toute forme de haine » était l’une des priorités de son gouvernement. Elle a aussi insisté sur la « détermination » des autorités à voir une communauté juive, en plein essor, s’épanouir en Allemagne.
German Chancellor Angela Merkel is visiting Auschwitz for the first time.
She says she feels deep shame for the barbaric crimes that were commited here by Germans. pic.twitter.com/Yhc5GIMW1k
— DW Politics (@dw_politics) December 6, 2019
En octobre, un attentat finalement avorté contre une synagogue de Halle a suscité un choc dans le pays. Son auteur, qui a tué deux personnes au hasard, est un jeune adepte des thèses négationnistes. Le parti d’extrême droite AfD, qui siège depuis deux ans au Bundestag, prône de son côté la fin de la culture du repentir.