L’alliance de Bernie Sanders avec Linda Sarsour est une insulte aux Juifs

Abonnez-vous à la newsletter

Les yeux me sont sortis de la tête lorsque Bernie Sanders a annoncé que Linda Sarsour serait sa collaboratrice lors de sa campagne pour les présidentielles. N’avait-elle pas sorti toutes les horreurs possibles à propos d’Israël et des Juifs qui le soutiennent?


Il y avait eu la Marche des femmes, qu’elle a codirigée, et ses multiples problèmes avec l’antisémitisme. En particulier la réticence de Sarsour à désavouer Louis Farrakhan, malgré ses nombreux commentaires haineux et antisémites. Il y avait aussi eu le temps où elle a suggéré un conflit d’intérêts entre le féminisme et le sionisme, et le temps où elle a laissé entendre que les partisans d’Israël avaient une double allégeance.

Pourtant, malgré tout cela, il m’était difficile de la voir comme une antisémite pure et dure. Après tout, elle œuvrait pour faire accéder un candidat juif à la Maison Blanche, et Sanders s’était auto-qualifié de sioniste et «100% pro Israël».

Sarsour et les sionistes progressistes

Mais la semaine dernière, s’exprimant lors de la conférence annuelle des musulmans américains pour la Palestine, Sarsour a mis fin à toutes les spéculations sur son antisémitisme lorsqu’elle a posé une question aux «sionistes progressistes». « Comment pouvez-vous être contre la suprématie blanche … alors que vous soutenez un État comme Israël qui est basé sur la suprématie, qui est construit sur l’idée que les Juifs sont supérieurs au monde entier? »


La tentative de Sarsour de qualifier les sionistes progressistes de suprématistes blancs était vraiment ignoble, tout comme sa tentative de définir Israël – l’endroit démocratique où les Juifs fuyant la violence nationaliste ont élu domicile – comme un État suprématiste. Et l’indignation a été rapide. Jonathan Greenblatt, le président de la Ligue anti-diffamation (ADL), l’a critiquée sur Twitter, notant que l’idée qu’Israël est une suprématie juive est «moralement offensante et absolument dangereuse. Des millions de Juifs ont été assassinés au nom de la suprématie blanche, dont 12 aux États-Unis l’année dernière seulement.  »

Les excuses épouvantables de Sarsour

Dans un geste sans précédent, Sarsour s’est donc excusée sur Twitter, pour «clarifier» la signification de ses propos : «Je faisais spécifiquement référence à l’argument raciste au cœur de la loi sur l‘État-nation récemment adoptée par le gouvernement israélien – pas par le peuple juif.»


Sarsour a ensuite énuméré ce qui était si moralement outrageant à propos de la loi sur l’État-nation, une loi adoptée par le gouvernement de droite d’Israël il y a un peu plus d’un an qui ratifie Israël en tant qu’État juif. La loi a été largement critiquée, même en Israël. Et la tactique de Sarsour était, bien sûr, une ruse rhétorique, digne de Kellyanne Conway (Star de la communication). Elle parle d’abord de sionistes progressistes, puis ensuite, de la loi sur l’État-nation. Sarsour, partant d’une affirmation ignominieuse sur des Juifs américains, rebondit pour parler d’une loi controversée et récente en Israël. Sarsour pense-t-elle que le «sioniste progressiste» était une catégorie légitime avant l’adoption de la loi sur l’État-nation mais illégitime par la suite? Rien de tout cela n’a de sens, d’autant plus que dans ses baratins, elle a spécifiquement déclaré qu’Israël est «basé sur» et «construit sur» la suprématie juive, alors que la loi sur l’État-nation a été adoptée il y a un an.

La tentative de clarification de Sarsour est en vérité une tentative insidieuse d’obscurcissement. Et ce qu’elle obscurcit est assez clair : elle soutient en fait qu’un juif sioniste n’a pas sa place à gauche dans l’échiquier américain – fût-il un juif sioniste progressiste. Pour Sarsour, nous ne pouvons pas soutenir les droits des réfugiés. Nous ne pouvons pas défendre les droits des femmes. Nous ne pouvons pas nous qualifier d’alliés des communautés de minorités sexuelles ou raciales. Nous ne pouvons pas non plus, sans doute, défendre le sort des Palestiniens – à moins de désavouer d’abord l’État juif.

Bennie Sanders, ni Juif, ni progressiste

S’il y avait le moindre doute sur les vrais sentiments de Linda Sarsour à l’égard des Juifs, ces derniers commentaires les éclairent de mille feux. Nous ne devons pas nous laisser berner par sa tentative de nous tromper. Ce n’était pas une critique d’Israël. Ce n’était pas une critique d’une politique ou d’une loi israélienne. C’était une déclaration haineuse sur le peuple juif.

Comment pouvez-vous soutenir les causes sociales de gauche, a demandé Sarsour aux Juifs, lorsque vous êtes sioniste? Cette question est insultante et tellement absurde qu’essayer d’y répondre serait encore plus aberrant.

Mais nous devons questionner Bernie Sanders : Comment pouvez-vous vous qualifier de candidat progressiste lorsque vous vous alliez avec quelqu’un qui s’attaque aux Juifs de cette manière vicieuse et odieuse?

Line Tubiana

Traduit et adapté de la chronique de Matthew Schultz sur forwards

1 Comment

  1. Line,
    J’aime bien vos coups de gueule. Et vous avez bien fait de rappeler les « hauts faits » de Linda Sarsour.
    Tout de même, parfois je vous trouve un peu naïve.
    Or vous n’êtes pas née de la dernière pluie : vous savez bien que quand un politique se lance dans une campagne électorale, il fait feu de tout bois, surtout lorsqu’il s’agit d’une élection de l’importance de la présidentielle américaine.
    Ce qui grave, c’est que toute moralité a disparu du phare de la démocratie que les Etats-Unis représentaient il n’y a pas si longtemps. Savez-vous que la Cour suprême a fait sauter le plafond du montant maximum de dépenses pour l’élection présidentielle !
    Linda Sarsour n’est qu’un petit pion dans l’échiquier, elle sera bientôt oubliée et ses âneries disparaîtront avec elle

Les commentaires sont fermés.