Treize aumôniers, rabbins et présidents de communautés juives sont officiellement devenus les parrains de soldats juifs américains tombés au champ d’honneur en 1944-45. Le Grand-rabbin de France a émis le vœu de parrainer non pas 13 mais 202 étoiles de David qui occupent la nécropole américaine de Saint-Avold.
Une cérémonie de parrainage de treize tombes de soldats juifs américains, enterrés à la nécropole américaine de Saint-Avold, a eu lieu ce dimanche 17 novembre, en présence d’autorités civiles, militaires et religieuses. Le Grand-rabbin de Moselle, Bruno Fiszon, a rappelé la genèse de cette démarche alors qu’il visitait, cet été, les plages du débarquement de Normandie et le cimetière américain de Colleville-sur-Mer. « Mon fils David est resté un long moment silencieux et ému avant de me dire : Papa, regarde l’âge de ces jeunes soldats. Ils sont morts à 19 ans, alors qu’ils venaient pour libérer le pays. Sans eux, y aurait-il encore des Juifs aujourd’hui en France ? ».
C’est ainsi qu’est née la volonté du Grand-rabbin et de l’aumônier militaire de la Zone de défense Est, Jonathan Blum, de rendre « hommage à l’héroïsme et à l’humanité » dans ce cimetière militaire américain de Saint-Avold, le plus grand d’Europe.
Pas 13 mais 202 parrainages
Sur les quelque 10 489 croix blanches et étoiles de David qui composent la nécropole, plus de 200 jeunes soldats, tombés au champ d’honneur lors de la Seconde Guerre mondiale, sont de confession juive. Mais plus que treize parrainages de tombes, le Grand-rabbin de France Haïm Korsia a émis le vœu de « devenir le gardien des 202 soldats juifs » qui reposent à la nécropole naborienne.
Il proposera à toutes les écoles juives de France d’adopter elles aussi ces valeureux militaires juifs américains. Didier Martin, préfet de Moselle, n’a d’ailleurs pas manqué de saluer « le sacrifice de ces milliers de GI’s pour notre liberté, pour la défense de nos libertés ». Et ne pas oublier « la Shoah, le projet le plus abject des nazis », a-t-il rappelé. Jean-Pascal Schobert, président de l’association France-États-Unis Lorraine, a, pour sa part, procédé à la distribution des diplômes aux treize parrains qui s’engagent dorénavant à déposer à chaque date anniversaire du décès du soldat choisi, une pierre -comme le veut le rituel israélite- et de réciter la prière kaddish. « En fait, nous tiendrons compte de la date hébraïque qui correspond à la date du décès du soldat », explique Jean-Paul Lévy. Son « filleul » Myer Rubinton est mort au combat le 16 décembre 1944 soit le 30 Kislev 5705.
Les treize parrainés et leurs parrains
Les treize soldats juifs américains parrainés : Myer Rubinton, Robert Schwartz, Léonard Lubeck, Sanford B. Berkwitz, Léonard Cohen, Henry J. Cohen, Murray F. Glomb, Henry L. Hanauer, Philip Rubinstein, Marc Ross, Harry A. Davis, Saul Nassof, Frank Schechter.
Les treize parrains : Daniel Cerf, Gérald Rosenfeld, Yaakov Atlan, Didier Hannaux, Claude Rosenfeld, Jean-Paul Lévy, Eliahou Saghroun, Éric Fiszon, Marc Cerf, Jonathan Blum, Philippe Wolff, Bruno Fiszon, Ariel Wertenschlag.