Le FPÖ, le parti d’extrême droite autrichien, est sous pression après la découverte d’un livret de chants antisémites dans une corporation fréquentée par un député du parti.
Certains chants du recueil sont tout simplement insoutenables, violemment antisémites, racistes et faisant l’apologie du nazisme. Ce livret, révélé la semaine dernière par la presse autrichienne, appartient à une Burschenschaft du Land de Styrie dont est membre le député FPÖ, Wolfgang Zanger. Les Burschenchaften sont des corporations d’étudiants ou d’anciens étudiants dont certaines sont très controversées, accusées de propager une idéologie extrême, comme le montre la découverte de ce livret.
Un livret que Wolfgang Zanger a reconnu détenir chez lui en tant que « document historique ». S’il a condamné les propos de ces chants, il a également affirmé que sa corporation n’utilisait pas ce recueil et ne serait donc pas responsable de son contenu.
L’indignation ne faiblit pas
Tous les partis ont exigé la démission de cet élu, y compris les conservateurs, anciens partenaires du FPÖ au gouvernement. Leur leader, Sebastian Kurz, qui avait choisi en 2017 de s’allier à l’extrême droite, a qualifié ces textes « d’extrêmement répugnants ». Et pourtant, malgré toutes ces critiques, le chef du FPÖ, Norbert Hofer, a décidé de soutenir son député, expliquant que le contenu du livre était hautement condamnable mais pas imputable à Wolfgang Zanger.
Cette position est incompréhensible aux yeux de certains car Norbert Hofer répète depuis plusieurs semaines qu’il veut réformer le parti. Il s’est notamment octroyé de plus amples pouvoirs pour exclure plus facilement les cas problématiques. Mais « comme souvent les mots ne sont pas suivis d’actions » résume Oskar Deutsch, président de la communauté juive de Vienne, qui réclame désormais la démission du député.
Le lien du FPÖ à sa propre histoire
Dans ce parti formé par d’anciens nazis, les scandales liés à l’antisémitisme ou au racisme ont été nombreux ces dernières décennies. C’est d’ailleurs après une énième polémique que le FPÖ a décidé, l’année dernière, de créer une Commission historique pour faire la lumière sur son passé. Or, le parti d’extrême droite vient d’annoncer que le rapport de cette Commission, de plus de 600 pages, sera bientôt publié.
Mais de nombreux experts doutent de l’efficacité de la démarche notamment parce que les liens du parti avec les Burschenschaften ne seront que très peu évoqués. Pourtant, 40% des députés d’extrême droite seraient aujourd’hui membres d’une corporation, un record. Le sujet est donc embarrassant pour le FPÖ, d’autant que des élections régionales se tiennent ce mois-ci en Styrie, le Land où a été retrouvé le livret de chants.