Né en 1938, Georges Gutelman est décédé ce mardi matin, nous a communiqué son frère Daniel. Depuis des ennuis de santé en 2015, Georges Gutelman vivait en Israël. Il reposera d’ailleurs au cimetière de Tel-Aviv-Holm.
L’homme d’affaires belge est né en 1938 de parents immigrés polonais. Durant la Seconde Guerre mondiale, Georges Gutelman fut caché auprès de parents catholiques, mais sa mère ne revint jamais d’Auschwitz.
Lors de ses études d’ingénieur en métallurgie à l’Université de Liège, Gutelman avait organisé des vols charters pour les étudiants, ce qui lui avait donné l’idée de créer sa propre compagnie, la Trans European Airways (TEA). Cette compagnie vécut bien – et même très bien –, au point que l’entrepreneur avait commandé moult avions pour poursuivre son expansion. Malheureusement, ils devaient être livrés en 1991, année où démarra la première guerre du Golfe et qui plongea toutes les compagnies dans les chiffres rouges. Pour TEA, ce fut la faillite.
Mais avant cela, Georges Gutelman eut la possibilité de mettre ses avions au service d’Israël pour réaliser l’Opération Moïse : entre le 20 novembre 1984 et le 6 janvier 1985, 9.300 juifs éthiopiens furent rapatriés en Israël et ainsi sauvés d’une mort certaine.
L’Opération Moïse (מִבְצָע מֹשֶׁה (Mivtza Moshe), nommée selon le personnage biblique de Moïse qui ramena les siens sur la Terre promise, est une opération coordonnée entre Tsahal, la CIA, l’ambassade des États-Unis à Khartoum, des mercenaires et des forces militaires de l’État du Soudan pour permettre le transfert clandestin des réfugiés éthiopiens au Soudan identifiés comme Falashas (définis comme « juifs éthiopiens » par les autorités israéliennes) vers l’État d’Israël pendant la famine en Éthiopie de 1984.
Commencée le 21 novembre 1984, l’opération a impliqué le transport aérien par TEA de 8 000 personnes jusqu’au 5 janvier 1985. Des milliers de Beta Israel (autre nom des juifs éthiopiens) avaient fui à pied l’Éthiopie pour rejoindre des camps de réfugiés au Soudan. On estime à 4 000 le nombre de décès au cours de cet exode. Après que le Soudan avait autorisé leur transfert par les Israéliens, les pays arabes firent pression sur le Soudan pour le stopper dès que l’information leur fut parvenue. Près de mille juifs éthiopiens furent ainsi bloqués. Voila la mentalité de ces pays arabes, dans toute sa splendeur : laisser crever de faim des juifs qui ont un pays prêt à les accueillir!!
La plupart finirent par être évacués plus tard lors de l’Opération Josué menée par les États-Unis, un peu plus tard en 1985. Plus d’un millier d’enfants se retrouvèrent en Israël, séparés de leur famille restée en Afrique jusqu’à l‘Opération Salomon qui organisa en 1991 la migration de 14 000 Falashas restés en Éthiopie.
BA devint Virgin Express
Par la suite, Gutelman put remonter une nouvelle compagnie, EuroBelgian Airlines (EBA) avec son complice Victor Hasson. La compagnie fut revendue le 24 avril 1996 à l’homme d’affaires Richard Branson qui en fit Virgin Express. On sait ce qu’il advint de celle-ci: elle fut par la suite incorporée dans SNBA pour devenir l’actuelle Brussels Airlines.
Mais quand on a touché à l’aviation, le virus est bien présent et le tandem Hasson/Gutelman se lance alors dès 1996 dans le long-courrier avec des 737, MD-11, 767 (cargo) et des A330 sous le nom City Bird en assurant des vols charters en particulier pour une certaine Thomas Cook. City Bird vole aussi pour le compte de la Sabena, mais, en 2001, la Sabena est en mauvaise posture et rompt ses contrats. Nouvelles difficultés pour City Bird qui fait faillite en 2001. Quelques mois avant la Sabena…
Avec Davignon et Lippens
Mais rebelote, Hasson et Gutelman répondent à l’appel de Davignon et Lippens pour la relance de Brussels Airlines et suggèrent très vite d’être le moteur des vols sur l’Afrique. Le duo acquiert trois Airbus A330 qu’il loue avec équipages à Brussels Airlines qui peut ainsi développer ce qui restera sa spécialité et sa force au sein du groupe Lufthansa. Toutefois, en 2004, Brussels Airlines intègre en son sein les activités de Birdy et, pour Georges Gutelman, l’aventure aérienne s’arrête. Pas tout à fait cependant, mais plus dans la lumière et plus à la tête d’une compagnie.