Le réseau social a considéré que le compte « Nique les trottinettes » enfreignait ses règles de modération, faisant valoir qu’il était interdit de se livrer au « harcèlement ciblé d’une personne ».
Twitter cautionne la haine envers les trottinettes électriques, jusqu’à un certain point. Le réseau social a suspendu plusieurs jours durant le compte @FPDTrottinettes. Ce dernier s’illustre depuis avril par ses piques acerbes à l’encontre des trottinettes en free floating, qui viennent bien souvent encombrer les rues des grandes villes, entières ou mises en pièce. Le compte force volontairement le trait, « façon hystérique anti-trottinettes », de l’aveu même de son créateur.
Pour justifier la suspension temporaire du compte, Twitter invoque le fait que deux de ses publications – qui incitent ironiquement à faire tomber des trottinettes – aient enfreint les règles de modération du réseau social. Elles iraient en particulier à l’encontre de règles « relatives aux comportements inappropriés et au harcèlement« .
Le réseau rappelle qu’il est « interdit de se livrer au harcèlement ciblé d’une personne, ou d’inciter d’autres personnes à le faire Cela comprend le fait de souhaiter ou d’espérer qu’une personne subisse un préjudice physique« . Et cela vaut visiblement aussi pour les trottinettes électriques.
Le compte était donc suspendu pour harcèlement ciblé envers les trottinettes.
Ce n’est même pas une blague. pic.twitter.com/fBbV4kX6f9
— Nique les Trottinettes (@FDPTrottinettes) October 8, 2019
Un couac de modération
Anecdotique en apparence, cette suspension de compte est révélatrice des difficultés de modération des réseaux sociaux. Tous peinent à trouver un juste équilibre entre censure à outrance et protection de leurs utilisateurs, notamment vis-à-vis du cyberharcèlement.
Twitter a déployé un large panel d’outils pour permettre de se protéger contre ce phénomène. Le réseau teste depuis fin septembre la possibilité de cacher les réponses aux tweets. Aux côtés de cette mesure, critiquée pour son manque d’efficacité, viennent s’ajouter le signalement des comportements abusifs, le partage de listes noires de comptes bloqués ou encore un filtrage par mots-clés.
C’est néanmoins au sujet de la modération automatisée que le bât blesse le plus. Depuis 2017, et pour alléger le travail de ses équipes de modérateurs, Twitter a délégué une partie de sa modération à un algorithme. Fait maison, ce dernier est chargé de repérer les contenus abusifs ou incitant à la haine, sur la base de certains mots-clés ou comportements révélateurs – dont le fait de « mentionner à plusieurs reprises des non-abonnés sans aucune sollicitation de leur part ».
Les publications reprenant de façon ironique des mots jugés haineux – à la manière du compte parodique anti-trottinettes – peuvent donc faire les frais d’une censure temporaire mais injustifiée. Le créateur du compte aura en tout cas retenu la leçon « Plus d’incitations aux chutes à partir de maintenant, terrible censure :((((« .