Fin 2018, 170 300 logements, soit 6,5% du total, étaient inoccupés, selon les chiffres du Bureau central de la statistique. Le nombre de logements vides a augmenté de 4% au cours de la dernière année, poursuivant ainsi la tendance amorcée il y a plusieurs années.
Ainsi, on comptait en 2012 137 200 logements inoccupés, soit une augmentation de 24% entre 2012 et 2018. Pourquoi tant de logements en Israël restent-ils inoccupés malgré des prix records ? Il y a différentes causes.
Certains logements sont en mauvais état et ne méritent donc pas d’être rénovés par leurs propriétaires. D’autres font l’objet de poursuites ou de litiges entre héritiers ou bien il n’y a pas d’héritiers.
Beaucoup appartiennent à des étrangers qui ne les utilisent que pendant leurs vacances. Les logements de luxe ont également été laissés inoccupés ces dernières années, les promoteurs ne pouvant plus vendre du fait de la crise aiguë du marché de l’habitation de luxe.
Sans surprise, la plupart des logements vides sont situés dans les grandes villes. 18 600 logements inoccupés, soit 11% du total national, se trouvent à Tel Aviv; 15 100, soit 9% sont à Jérusalem; et 12 400, soit 7%, se trouvent à Haïfa, tandis que Netanya occupe le quatrième rang. On trouve également parmi ces villes où les logements vides sont trop nombreux, Holon (5 600), Beer Sheva (4 400) et Petah Tikvah (4 100).
Suite au mouvement de contestation sociale de 2011, la question de l’offre de logements a été traitée : il fallait redéfinir ce qu’était un logement inoccupé, et c’est ce qu’a tenté de faire la réglementation gouvernementale de 2013.
Les autorités locales ont utilisé cette définition pour imputer aux propriétaires de tels logements l’imposition de la double taxe foncière municipale et les inciter à les vendre. À la suite de défaillances scandaleuses de toutes les instances, ministère de l’Intérieur et autorités locales, cette procédure a été abandonnée.
Le contrôleur de l’Etat a évoqué le sujet en mai dans un rapport qui examinait ce que le ministère des Finances, le ministère de l’Intérieur et les autorités locales avaient mis en œuvre concernant le projet d’imposer un double impôt foncier municipal sur les logements régulièrement inoccupés. Ce rapport indique que seuls Tel-Aviv, Jérusalem et Haïfa ont pris des mesures à cet égard, mais n’ont reçu aucune aide des ministères.
Décidée en mars 2012, la mise en œuvre de cette double imposition a été négligée. Il a été constaté que l’ordonnance administrative sur laquelle se base la taxe foncière municipale n’était pas clairement définie, empêchant les autorités locales de prendre des mesures à l’encontre des propriétaires.
Commentant les actions du ministère des Finances et du ministère de l’Intérieur, le contrôleur de l’État a écrit: « Le ministère des Finances et le ministère de l’Intérieur n’ont pas examiné la manière dont l’ordonnance administrative serait exécutée ni l’effet de son exécution, malgré leurs engagements. » Le contrôleur de l’État recommande au ministère des Finances et au ministère de l’Intérieur de tirer des conclusions et de tirer des enseignements sur la mise en œuvre de l’ordonnance administrative, et d’examiner les difficultés et les obstacles rencontrés lors de la mise en œuvre des opérations.
Cette recommandation sera-t-elle suivie? On peut en douter quand on lit les chiffres sur les prix du m² dans les grandes villes israéliennes. L’hyper luxe n’a pas dit son dernier mot, et à la place de tous les bâtiments vétustes qui sont détruits, on voit pousser des tours proposant des logements inaccessibles à la population qui continue, tout comme en France, à s’éloigner du centre. Des villes comme Modiin ont vu les prix des logements doubler, voire tripler en moins de 10 ans, et se pose la question de la bulle immobilière, qui serait plus que nuisible à l’économie du pays.
La paix n’est pas le seul challenge que devra affronter le prochain gouvernement : il faudra aussi commencer à repenser la politique immobilière dans sa généralité.
Line Tubiana avec Globes