La Niçoise Anna Traube est décédée. Son histoire en tant qu’évadée de la rafle du Vel d’Hiv avait inspiré le film « La Rafle » de la réalisatrice Rose Bosch avec Adèle Exarchopoulos. Installée à Nice où elle résidait, cette rescapée avait contribué à faire lever le voile sur cette page d’histoire.
Anna Traube est décédée. Son histoire en tant qu’évadée du Vélodrome d’Hiver a inspiré le film « La Rafle » avec Adèle Exarchopoulos dans son rôle. C’est en 1995 après la reconnaissance par Jacques Chirac de la responsabilité de l’Etat français qu’elle a écrit son histoire dans un livre : Evadée du Vel d’Hiv.
Le personnage d’Anna était présent dans le film mais son histoire avait été quelque peu modifiée. C’est dans son livre que son vécu était le plus vrai. Cette rafle à Paris n’avait avant ce film jamais été montrée au cinéma. Emblématique de la déportation des juifs, c’est un moment-clé de l’histoire de France.
Le 16 juillet 1942, Anna Traube n’a que vingt ans quand elle est arrêtée à son domicile parisien. Conduite au Vélodrome d’Hiver, elle s’en échappe cinq jours plus tard.
La rafle, son histoire
En 2010, la réalisatrice avignonnaise Rose Bosch, avait porté sur grand écran l’histoire d’Hannah. Son personnage était alors tenu par Adèle Exarchopoulos. L’actrice recevra cette année là le César du meilleur espoir féminin pour son rôle dans « La vie d’Adèle » d’Abdellatif Kechiche.
En mars 2010, Anna Traube racontait à l’une de nos équipes son histoire : « C’était sinistre, des hurlements… Des lumières glauques, on apercevait de temps en temps une civière… Un mort ? Un malade ? Va savoir… »
« J’avais 20 ans. Les policiers sont venus nous chercher à la maison, dans le Xe arrondissement de Paris. Mon père était déjà en zone libre, à Limoges, et mon frère et ma mère ont réussi à se cacher dans les chambres de service. J’ai été emmenée dans une école du faubourg Saint-Martin. Deux jeunes du PPF faisaient le tri. Comme j’étais seule et en bonne santé, on m’a orientée vers le bus de gauche, mais un type m’a conseillé de monter dans celui de droite. Le premier allait à Drancy, le deuxième au Vél’d’Hiv. J’y suis restée cinq jours et cinq nuits. »
C’est le médecin (Joué dans le film par Jean Réno) qui l’a envoyée vers le chef d’équipe des hommes des Eaux et Forêts. « Grâce à lui, j’ai pu avoir un laissez-passer pour franchir les trois barrages qui menaient à la sortie. Au dernier, je suis tombé sur un oiseau qui sautillait en me regardant, l’air de dire «suis-moi». « A partir de ce jour, je suis devenue, grâce à une fausse pièce d’identité, Yvette Baudoin, et j’ai pu rejoindre ma famille à Limoges jusqu’à notre retour à Paris, en 1944. »
Comment avait-elle vécu le discours de Jacques Chirac sur la rafle du Vél’d’Hiv en 1995 ?
Elle racontait en 2012 au journal La Vie : « Pendant longtemps, personne n’en parlait. Moi-même, j’essayais d’occulter cette épreuve pour aller de l’avant. Je faisais tout le temps des cauchemars où j’étais poursuivie. J’étais révoltée quand j’entendais que le gouvernement français ne reconnaissait pas l’implication qu’il avait eue dans la Rafle. C’est Jacques Chirac qui, le premier, a eu le courage d’en parler. Bien sûr, j’étais soulagée. »
Les obsèques d’Anna Traube auront lieu vendredi 4 octobre à 11h au cimetière de Colomars – Crématorium de la Métropole Nice Côte d’Azur.